21 juin 2023

" Fête du Rugby "


Le rugby connait la musique, que trop bien, qu'elle soit pop, classique, ringarde ou funky à vrai dire plus que protéiforme, seules les bandas, la Peña Baiona, la Honhada, la Marseillaise sont les plus connues. Reste que le 21 juin, fête populaire, est celle des amateurset anonymes qui œuvrent un peu partout non pas à la recherche de la gloire mais pour faire partager leur passion. Chaplin disait "l'action est musique". Qui dit "action" dit "réaction". Cette finale fût l'occasion de nombreux commentaires des plus amusants aux plus sordides. Côté sordide, R. O'Gara emporte la coupe avec des notes aigres, acides et mal venues effaçant le grand joueur qu'il fût. Mola, fin provocateur, ne fait pas mieux en parlant de "hold up". Retenons de cela que la passion fait dire bien des choses mais qu'elle ne peut se soustraire à féliciter le vainqueur. Il est toujours sain de voir midi devant sa porte avant d'aller mettre les pieds sous la table du voisin . La défaite n'est jamais le fait du prince. Un étudiant collé, perdre une finale de coupe du Monde en football, permet de comprendre que de réussir ou de gagner, n'est point le fait du hasard ou de la malchance. Derrière ces échecs qui peuvent vous marquer dans une carrière, se trouvent le secret de lacunes et de non dits enfouis en soi. Bien sûr que La Rochelle a dominé, trop dominé pour ne pas être vainqueur. Paul Valéry disait "la faiblesse de la force est de ne croire qu'à la force". Et certains techniciens avisés du rugby français ont su décortiquer les erreurs du staff rochelais. A commencer par le manager du Stade Toulousain qui a mis en place une stratégie payante arc-boutée sur la défense pour détruire toute prérogative de la puissance des avants rochelais. A ce compte, ils ont réussi ne comptant que sur les erreurs de l'adversaire. Pari gagné sur Danty et sur Seuteni bien malheureux dans son placement défensif. Comme une symphonie, on attendait des uts et des contre-uts, des essais de grande envergure signature du jeu à la toulousaine. Seul l'éclair de génie de Romain a frappé les consciences et a ravivé les émotions. On ne peut qu'apprécier cette lucidité, symbole de l'intelligence situationnelle, qui a crucifié "la Caravelle" qui allait franchir les trois tours médiévales, vestiges des fortifications maritimes et symbole du siège de La Rochelle. On aime ou pas le garçon mais pour l'avoir connu en U16 et U17, rien n'a changé dans ses qualités premières, la technicité et la vision du jeu tel un rapace surprenant sa proie. Connaître et réciter les gammes apprises ne font pas des joueurs le delta du succès. 90 jours nous séparent de la finale de la coupe du Monde et pour autant dans la sélection des 42 joueurs, aucun n'a l'exclusivité de faire parti du concerto final. Le chef d'orchestre n'est pas le même, ni la vision du jeu. Ce qui représente un avantage et un inconvénient. L'intérêt premier sera de masquer aux autres nations son système de jeu et de ne pas faire comme O'Gara de ne pas avoir de plans B ou C. Autre bénéfice, c'est de pouvoir palier aux éventuelles blessures. Reste que l'inconvénient pour les joueurs, c'est d'oublier les automatismes acquis en clubs. Le revers de la médaille sera aussi d'acquérir le haut niveau pour des temps de jeu pouvant avoisiner 45 à 50 minutes et donc d'avoir la lucidité des changements de joueurs au bon moment. Le match d'ouverture avec les All Blacks conditionnera la suite de l'aventure et sera le témoin de nos forces et de nos faiblesses. Quatre matchs préparatoires en août me parait beaucoup surtout si nous avons la canicule. Tous les championnats sont finis, la fête bat son plein dans les villages et les semailles sont déjà le témoin d'un été brulant. La fête ne serait pas la fête sans un nouveau Président, plus académique, plus discret, plus conciliant et probablement plus mélomane aujourd'hui qu'hier qui sera remettre naturellement le rugby au centre du village. Mais gare à ne pas être comme Alfred de Musset, je cite "je suis triste comme un lendemain de fête".


15 juin 2023

" XXIe et Rugby "


Le siècle des Lumières n'a pas fini d'éblouir les plus incrédules et le credo du tout ou rien bat son plein pour les plus naïfs. En soi, à l'aube de la coupe du Monde, celle de Bernie et de ses daltons, la France rêve debout d'un sacre déjà acquis. Légitime pensée à la vue des résultats de l'équipe de France dont la progression depuis quelques années nous laisse penser que le fruit sera mûr en octobre. Et nous le souhaitons ardemment. Mais pour jouer en toute sérénité il faut aussi un cadre. Chose faite avec un nouveau Président qui collige l'espoir du collectif amateur. L'ère des pardessus de ceux qui ont construit le rugby français à leurs manières est-elle entrée dans une nouvelle lune de miel fondatrice d'un rugby pur et sans attache ? Nul ne sait y compris Madame Irma car la boule de cristal est trop opaque pour que les Lumières soient. Le rationalisme, le libéralisme et l'individualisme, trépied fondateur d'un bouleversement culturel avait pour idée première le symbole de la bougie sur le bord de la fenêtre pour annoncer un évènement. Diderot disait "Si je renonce à ma raison, je n'ai plus de guide... égaré dans une forêt immense pendant la nuit, je n'ai qu'une petite lumière pour me conduire." Aujourd'hui, la nouvelle présidence aura pour tâche première de rallumer toutes les bougies de France, vœu pieu et peut être illusoire si l'on regarde l'histoire naturelle de notre sport. La cinétique des gouvernances passées a montré la limite de chacun des systèmes, le mauvais ayant pris le dessus sur le bon ne laissant à ce dernier qu'un corridor d'espoir aussi tenace qu'une bougie. Les valeurs telles que l'éthique, le partage, l'éducation, la tolérance, devraient sortir du cercueil dans lequel nous nous sommes enfoncés. Voyez la valse et le lynchage médiatique des entraineurs, voyez la perfidie minutieuse avec laquelle les opposants du nouveau président s'accrochent, voyez les commentaires des joueurs bien plus à l'aise que sur le terrain pour certains, voyez les affaires de mœurs qui s'infiltrent dans le rugby comme dans la société, voyez ce monde professionnel plein de bluffs comme au poker, voyez que l'argent devient le moteur et le fruit de l'espérance au delà de tout. Rien ne va plus, faites vos jeux et choisissez la bonne carte ! Ne soyez pas grégaire, les moutons se comptent par milliers.


   


08 juin 2023

" les 100 Jours "


Un compte à rebours historique terminé à Waterloo. Il ne pouvait en être autrement avec "l'Inconstant". Des signes qui ne trompent pas sur le "vol de l'Aigle". Quid du XV de France à l'aube des phases finales ou le général Galthié prépare ses troupes au combat ? Premier stage à Monaco, une similitude avec Golfe Juan, non loin de là ? Mais aussi, première victime, Haouas dont l'épopée se termine pour le bien de la moralité et de l'éthique. Derrière cette apparence tactique des préparatifs, se cachent des tractations. Les équipementiers déjà se bousculent pour rafler à petit prix le maillot de l'EDF car, en cas de victoire, le profit sera juteux. Mais aussi la course à la Présidence de la FFR qui bat son plein dans l'animosité la plus totale et la plus stupide qu'il y ait. Être gaulois, franchouillard, gascon est certes une chose, mieux vaut rester Mousquetaire car les Mazarinades seront nombreuses et incertaines jusqu'au sacre tant espéré. Buisson met un diktat aux clubs sous peine de blocage de la fédération pendant que le pourpre essaie de s'infiltrer au comité exécutif de World Rugby. Le venin est mortel comme chacun sait et bien souvent comme le fiel, il témoigne de l'acrimonie des personnages. Probablement un désastre à prendre en compte par le général dont on connait les affinités de longue date. Et voilà que Dupont remet sur la sellette le Salary Cap comme si d'avoir le totem de meilleur joueur de la planète ne suffisait pas. Bien lui prend de dénoncer ce blocage institutionnel lui qui jouit de privilèges au Stade Toulousain. Déjà momifié par Grévin contre toute logique, il devrait se méfier des symboles qui sont parfois des oiseaux de mauvaises augures. Les latins en savaient quelque chose par expérience, Quintilien, rhéteur et pédagogue, disait "du commencement on peut augurer la fin". Après la Principauté, retour à la cantine de Marcoussis pour finir dans la pinède des Landes à Capbreton en famille. Cinétique choisie par le général avec 4 matchs de préparation en août pour dégourdir les jambes avant le choc avec les Blacks. 100 jours c'est beaucoup et bien peu, Napoléon, malgré la conjugaison de l'esprit et de la règle, a du abdiquer face à l'apparence trompeuse des faits. La coalition a eu raison de sa présomption de souverain pour laisser un pays exsangue loin de se douter de la punition finale celle de l'exil. Si l'Empereur nous a laissé un patrimoine institutionnel toujours en vigueur, les guerres ont laissé beaucoup trop de croix sur son chemin. Plaise à Galthié de ne pas avoir trop de blessés durant cette période car le manquement et la lucidité se paieront comptants.