29 octobre 2023

" Un Point "

Un Point



Si la vie ne tient qu'à un fil parfois, la victoire lui est similaire. Personne n'aurait prédit un tel score devant un rugby diamétralement opposé culturellement. Aujourd'hui, pour l'avoir écrit, la victoire se dessine sur les fautes, les buteurs et les cartons. L'enjeu a pris le dessus sur le jeu et se pérennise insensiblement en tache d'huile. 2 cartons jaunes dont un rouge excessif à mon sens, ont suffi pour faire basculer une finale si prometteuse dans l'ennui tactique. Si TMO ne mettait pas son grain de sel en permanence au détriment de l'arbitre de champ, nous aurions eu fort probablement un jeu plus ouvert favorable aux Blacks. Même les capitaines vont être obligés de ne plus s'étonner de rien dans les décisions à tel point que dans un avenir proche, un match sera dirigé par télé arbitrage et sono comme pour les hymnes tuant l'esprit du jeu. Bien sûr, nous n'avons pas des enfants de chœurs sur le terrain, toujours à la limite des règles voir plus parfois mais avec un arbitre de champ aguerri la dimension humaine pourrait être au rendez-vous. L'erreur est humaine et restera telle quelle sous peine que le rugby devienne un jeu vidéo. Parlons aussi de la dimension politique qui se cache derrière ces décisions pour les moins surprenantes ! World Rugby reste sous contrôle de l'empire britannique et de ses colonies et mieux vaut être asservi au système et bien payé que son contraire. Comme en 2011 pour la finale ou comme en 1995 avec Mendela, la victoire se prépare dans les salons à mots couverts. Pas de bruit, pas de vague !

Trois matchs, chaque fois un point discutable qui fait la différence pour gagner la coupe du Monde ! Enorme coïncidence dans l'alignement des astres et dans la chronologie de ce sport. Les latins avaient finalement tort "Bis repetita non placent" et pourtant Virgile disait "magnus ab integro saeclorum nascitur ordo" issu de la Quatrième Bucolique, repris pour les Jeux Floraux annonçant que l'âge d'or est devant nous. Lisez Hugo et A Pollion ! Ou allez voir une fresque de Raphaël dans la basilique de la Sainte Trinité à Florence pour s’imprégner de la Bucolique. Comment est-il possible d'en arriver là sans que la magie ne soit opérationnelle ?  Est-ce l'intelligence novatrice d'un entraineur et de son staff, sont-ce les joueurs habités par la soif de gagner ou est-ce l'adversaire apeuré devant tant de titres ? L'analyse de ces 3 matchs montrent que la triangulaire a été respecté, impacts, agressivité et recherche de fautes pour des pénalités pour buteurs certifiés. Le retour de Pollard est donc tout sauf une surprise. Néanmoins, pour les amoureux du jeu Bock, je souligne qu'ils ont des ailiers félins appuyés par des centres plus que robustes nous gratifiant d'essais magnifiques peu communs en première main. Le "Roi Lion" a triomphé avec ces vieux guerriers infatigables et ces jeunes pousses tout aussi expérimentées créant une homogénéité implacable. On parle de Dupont mais FDK n'a rien à lui envier tellement il fût prégnant sur son huit de devant et sur la conduite du jeu. Et pourtant hier, le meilleur fût Aaron Smith, sans parti pris, offrant des ballons d'essais, remettant les siens en jeu à quatorze, exultant sur l'essai refusé et pleurant au coup de sifflet final. Une véritable dramaturge pour ces All Blacks qui ont montré tout au long du match l'immensité de leur talent sans se résigner aux décisions arbitrales. Mourir aux portes du bonheur, tel est le destin du jeu !

Un autre point essentiel qui découle de cette coupe du Monde, c'est de changer notre culture trop franco-franchouillarde pour espérer un jour conquérir une étoile. A commencer par travailler des postes vacants ou le niveau international est requis, deuxième ligne, demi de mêlée et demi d'ouverture, centres ou la colonie étrangère musèle l'éclosion de talents. Pourquoi sommes nous trois fois champions du Monde des moins de 20 ans et que nous n'arrivons pas à capitaliser ces étoiles ? Une mise à plat serait nécessaire dans ce marigot pour connaître les priorités la LNR ou la FFR  ?

Dernier point et non des moindres, l'intégrité de World Fruit Juice ! De nouvelles compétitions vont éclore pour 2026 pour les grandes et les petites nations sans pour autant se mélanger. A quoi bon hormis l'aspect financier ? TMO, organe central qui choisira ses étoiles sans respecter la vérité du terrain ! Cela pourra t-il perdurer ad vitam aeternam ? Le tirage au sort pourrait-il avoir lieu quinze jours avant le début des compétitions ? Autant de questions ou les réponses appellent des commentaires.

Finalement, cette troisième coupe du Monde m'a permis de voir que rien ne change, que seul le public reste égal à lui même et que finalement le résultat n'est que secondaire laissant la place au seul point important de ce jeu, le rêve.

10 octobre 2023

" Victoria, Victoriae "



L'empire romain, à son apogée, sous l'égide de ses mentors que furent César, Tite Live ou Pline n'avait que ce mot à la bouche "Victoire" mais j'ai toujours préféré Laocoon disant "timeo Danaos et dona ferentes" ("l'Eneide" de Virgile) en mémoire du cheval de Troie et d'Homère ! Locution souvent employée en particulier par Monsieur de Tréville pour dire "Méfiez vous de l'ennemi qui vous fait des présents" à propos du diamant offert par la Reine à d'Artagnan. L'ennemi est ciblé, ce sera le ballon, le "dona" des Dieux de l'ovale qui choisira son vainqueur. Toutes les ruses seront bonnes, psychologiques, physiques, verbales ou digne de certains simulacres bien connus des footballeurs. Rien ne viendra enfreindre la loi du sport hormis l'arbitre et TMO avec des cartons téléguidés par des SMS circulant plus vite que leurs ombres ! Avant de poursuivre, un retour bien légitime sur ces poules maléfiques. Grâce est de rendre louanges et respect aux petites nations qui nous ont enchantés par leurs prouesses collectives et individuelles. Bien sûr le Portugal "Victoriae" mais aussi le Chili, l'Uruguay, la Namibie, pays ou la sueur prend tout son sens. A un degré moindre, les Samoas, les Tongas, la Géorgie et le Japon ont soufflé le chaud et le froid à mon sens bien loin de leurs niveaux espérés. Si le terrain nous a enjoué par cet amateurisme éclairé de bonne facture, la convivialité des tribunes fut un oracle culturel de plaisirs partagés. A l'heure ou frappe à nouveau la barbarie, il est doux de voir ces sourires, ces costumes traditionnels, ces hymnes a cappella, cet engouement spontané planétaire de partage. C'est si rare, si bref et si énivrant qu'il faut le souligner. Parenthèse fermée trop vite à mon gout tellement le plaisir fût intense, je bascule sur les quarts voire les écarts. D'un côté, au stade de France, le futur vainqueur de la coupe du Monde sortira de ces guerres fratricides ou chacun connait par cœur son voisin. D'où le "timeo" de ne pas voir notre coq refaire une "Michalak" au nez et à la barbe de l'ennemi car cette fois ci TMO aura l'œil avisé ! Volontairement j'occulte le retour ou pas de Dupont car la médecine est devenue un alambic de bienfaisances fourvoyant au delà de tout la rigueur scientifique au profit de la gloire, de la gagne tel un Spartacus devenu gladiateur et non joueur. Côté Massilia, comme en cuisine, le tamisium nous laisse de jolis restes sans la saveur attendue affichée au menu. Mais bon, quelques herbes de Provence, comme pour une bouillabaisse, et l'ivresse revient ! J'ai des doutes quant au fait que nous dégusterons un grand cru même si l'ensoleillement reste exceptionnel. La gouaille de Nana fera mon bonheur, elle, la plus vieille poissonnière en activité sur le Vieux Port ! "Ferentes", ils sont là mais dans quel ordre ? A Lutetia, du vert ou du noir pour se mélanger au bleu mais quel vert ? La Bonne Mère va t-elle voir rouge ? Je pense que oui à moins que le vélodrome retrouve sa couleur originelle bleu ciel !  Dans tous les cas, "Victoria, Victoriae".