29 mai 2023

" UFAR à l'Ail "


De retour de la Lomagne de mon enfance, après un tournoi UFAR de haute volée, je ne peux que témoigner sur le fait que le rugby des champs est loin d'être mort. Beaumont reste le fief et le joyau des Anciens du Rugby. Pas une ride, pas un geste d'humeur si ce n'est la bonne humeur, du jeu à toucher pour les moins téméraires et du jeu à plaquer dans un esprit chevaleresque. Les Pan Tintat furent dans le moule tracé par la tradition des anciens. Le Bonheur est total, le long de la Gimone, qui a connu par le passé tant de turbulences. Les tribunes de Louis Rougean ont disparu et ne sont plus qu'un nuage de souvenirs. Le stade Gaston Vivas s'est embelli avec le modernisme photovoltaïque, barriques, tables, buvettes, chalands en rang de batailles, tout le monde était là pour ce noble tournoi, la première année ou il fut mixte. Normal la marraine était Audrey Forlani, Capitaine du XV de France et Beaumontoise. Sans oublier les parrains, eux aussi anciens internationaux, Lionel Faure, Jean Louis Dupont et Max Barrau dont j'ai partagé la table au repas de Gala, un privilège des plus rares. Le soleil était là et l'ambiance a vite monté le premier jour avec du toucher ce qui a permis à ces dames de montrer leurs talents et cette touche de féminité qui manque parfois à certains hommes mal léchés en manque de galanterie ! Cette mixité a donné du sens aux caciques du jeu conventionnel. J'avais donc en charge le "médical". Venu avec un grupetto de jeunes étudiantes et étudiants, avides de participer, heureux de sortir de la faculté, vite plongé(e)s dans l'ambiance Lomagnole, ils ont su mettre à profit toutes les consignes pour le plus grand bonheur des joueurs. Et ce avec toute la complicité des sapeurs pompiers et de leur chef de corps. Mieux, mes deux étudiantes préférées, ma fille et ma femme, ont donné une autre dimension à cette journée singulière. Emu intérieurement de pouvoir travailler en famille et de transmettre ma passion, je pensais à mon Père, qui toute sa vie, a donné pour le rugby beaumontois et jamais nous n'avons pu faire ce chemin initiatique. Alors, le temps a bousculé les idées reçues m'offrant le plus beau des cadeaux celui qu'on rêve secrètement sans trop d'illusions. Mission accomplie et Merci au Rugby, guide de mon esprit et d'une de mes passions, d'avoir su conjurer le sort des épreuves de la vie. Hier fût la journée du rugby à plaquer et à se chauffer les oreilles, avec gentillesse mais détermination comme si la testostérone se réveillait tel un volcan éteint. Toute la panoplie des traditions locales fut mise en avant par tous les participants des quatre coins de la France; humour, musique, joyaux culinaires, bref une mise en bouche avant les marrons chauds ! Les roublards sont restés roublards, les demis toujours vifs et les arrières encore sémillants pour faire quelques tchik tchak bien sentis. Le doyen, 81 ans, ne sait pas laisser compter des railleries pour montrer que bien vieillir n'est plus une fable. Le crépuscule a donné le tempo des festivités, apéritif, repas et remise de prix. Mon grupetto est reparti pour terminer Pentecôte sous d'autres cieux, jeunesse oblige. Mon devoir est accompli, apaisé d'avoir partagé tout un pan de vie consacré au rugby en famille et de m'être rapproché encore plus de Jean Louis et Valérie Dupont qui m'ont offert hospitalité et amitiés. Décidément, l'ail aura toujours un gout inattendu et suave en plus de l'odeur !

18 mai 2023

" Rugby à l'Âme "

                                   


Finales de Coupes d'Europe, Coupe du Monde, phases finales du top 14 et de Pro D2, l'ovale a t-il gardé son âme de ce pourquoi il a été inventé ? Si l'on regarde l'amende de Mont de Marsan, condamné par la LNR, à verser 10 000€ pour une haie d'honneur pour Julien Cabannes, fidèle à son club depuis l'enfance, nous sommes aux antipodes de toute valeur humaine et sportive. Du projet de Florian Grill, candidat à la présidence de la FFR, je ne retiendrais qu'une idée, celle des fiefs amateurs, rugby de clochers, fédérateurs de liens dans notre société actuelle qui en a bien besoin. La semaine dernière, une mère de famille m'a demandé 5 places pour aller voir ST UBB au Stadium pour les offrir à son mari et ses enfants. Plus de 300 € derrière les poteaux quand l'abonnement à l'année pour les mêmes places "familles ou jeunes" au TFC est de 119 €. Elle a renoncé. Aujourd'hui, les gradins sont remplis par les partenaires des clubs qui achètent des lots de places pour les offrir à leurs béotiens de clients. Des païens venus boire et manger et être de parfaits brailleurs patentés ! Les initiés chuchotent et se cachent de peur du ridicule. Heureusement que tous ces fleurons de l'ovalie ancienne renaissent comme l'albatros petit à petit de leurs cendres comme en Lomagne ou ailleurs où le rugby est redevenu le lien entre les générations. Mais ne rêvons pas, le professionnalisme est carnivore et rapace. Rapace de tous les talents en herbe dans les écoles de rugby ou ils viennent faire leurs marchés sans trop indemniser les clubs formateurs. Carnivore entre eux pour construire une armée de gladiateurs utilisés comme des mouchoirs jetables (Jaminet) montrant à quel point un recruteur peut se tromper sans état d'âme. Si Montesquieu, auteur de "l'Esprit des lois" pensait ceci "Il s’en faut bien que le monde intelligent soit aussi bien gouverné que le monde physique", de violer les lois de la physique conduit au déchet rugbystique. Comment peut-il en être autrement ce jour lorsque l'esprit est corrompu par le gain ? L'argent efface de l'âme toute honnêteté. Alors, dans toutes apparences trompeuses d'un rugby de valeurs se cachent la perversion, la tricherie et l'intérêt personnel de chacun des acteurs au sein des fédérations. Si le rugby est la signature de William Webb Ellis, l'Haspartum, jeu romain avec une outre de cuir existait déjà et fût  importé en Grande Bretagne. N'oublions pas non plus la Soule au Moyen Âge, vessie de porc ancêtre du Hurling puis du Rugby. L'Ovale a donc mis presque XX siècles pour faire sa genèse actuelle. Parfois l'âme fait plus défaut qu'autre chose et de regarder ces spectacles à venir ne doit en rien voiler le filtre de nos âmes d'amoureux du rugby. Quoi de mieux que de rêver : "les lois doivent être tellement propres au peuple pour lequel elles sont faites, que c’est un très grand hasard si celles d’une nation peuvent convenir à une autre." Montesquieu.


11 mai 2023

" Entre Shamrock et Croix Templière, The Seven Series "


       


Un an a passé et à nouveau la même finale au sein même de l'écrin du pays du Trèfle, Dublin. Nous voilà donc, toute proportion gardée, revenu au tournoi des VI Nations 2023 ou l'Irlande nous a fessé de façon rugbystique. Et pourtant les protestants ont eu raison des celtes un an auparavant en ayant eu le pied marin.  Il est un fait que les Maritimes arrivent en forme au bon moment faisant figure de proue et épouvantail lors des derniers matchs de top14. Effet du printemps, des corps cétogènes comme sur le tour d'Italie, La Rochelle impressionne par ses performances. Et pourtant, à revenir sur ce quart de finale contre Exeter, 6e du championnat anglais, certes ils ont gagné avec la manière mais en prenant 4 essais de belles factures. Se prononcer aujourd'hui fait figure de voyant et pourtant, au regard du match du Stade Toulousain, sans compter les cartons jaunes et les blessures, l'évidence crevait l'écran en regardant le Leinster. Jeu fluide, rapide, puissant dans l'axe, combinaisons abouties, paire de demis efficiente avec des lignes arrières mortes de faim, une défense implacable, bref tous les ingrédients de l'équipe d'Irlande. La marche était trop haute pour espérer aller en finale. Bien sûr, les blessures, les cartons jaunes, les mauvais choix de Mola ont fini de marquer au fer cette équipe toulousaine. Et quand on voit la renaissance devant l'UBB, on ne comprend pas ce passage à vide sur ce quart de finale. Le Leinster, c'est l'équipe bis d'Irlande, il ne faut pas s'y tromper. Les maritimes, "petite roche" du latin Rupella, devenu rocca, rocella et rochella ont pour devise "Servabor Rectore Deo" (je serai sauvé par Dieu comme mon guide). Samedi, la devise ne suffira probablement pas. Comme tout vaisseau de guerre, avoir de gros canons ne signe pas la victoire mais peut impacter l'ennemi. L'erreur serait de reprendre les standards de l'an dernier qui ont donné gain de cause. Ronan O'Gara a ses antennes et a du visionner tous les matchs de ses congénères pour avoir un plan de bataille bien précis. La puissance, la vitesse et la défense seront la clef de voute du match à moins que la météo ne fasse des siennes où TMO. 2 ou 5 étoiles pour une Champions Cup qu'importe finalement, pourvu que l'on ait un beau vainqueur. Dès demain, et pendant 3 jours, nous accueillons à Ernest Wallon une manche du Seven Series. Une fierté pour l'association d'avoir été choisie pour couvrir l'évènement. Le dernier Seven médicalisé pour l'auteur remonte à 2004 avec ce beau trophée en cristal glané comme si j'avais été joueur ! Plus sérieusement, le plaisir va être total de retrouver un public très différent, un environnement certes World Rugby mais dont l'approche garde une certaine convivialité, une revue d'effectif grandeur nature des talents cachés dont le seul objectif sera de marquer et de se qualifier pour les finales. J'ai toujours eu un regard amusé du rugby à VII surement parce qu'il me rappelle celui pratiqué dans les cours de récréation avec une pelote de chiffons. Le but c'était d'effacer son adversaire par la vitesse, le coup de reins, le changement de pied et la vision de la ligne de but pour marquer. Je me souviens de ces chamailleries pour récupérer la pelote, des coups bas type croque en jambes, coup de coudes, et de faire obstruction sur les adversaires pour mieux passer entre les mailles du filet ! Parfois, je rentrais à la maison, bleui d'une estampille ou le pantalon troué voir la chaussure arrachée faisant la joie de ma mère. Enjoué de voir des purs sangs libres du tableau noir et tournés vers le jeu, demain et les jours suivants seront des journées plaisirs à l'état pur ou nous allons répéter nos gammes en vue de la coupe du Monde.