24 décembre 2023

" Noël "

                        



Aussi loin que je me souvienne cette période remontant à l'enfance Lomagnole, c'était celle de la trêve des Confiseurs ou aucun match n'avait lieu pour Noël supplanté par des bourriches et des lotos sous la coupe des bénévoles du club. Gastronomiquement parlant, une période faste pour la ligne d'avants et lourde de conséquences pour les arrières ! Tout le monde se retrouvait accompagné(e)s des proches pour festoyer jusqu'à pas d'heures. L'église n'était pas oublié pas plus que la famille. Plus questions de parler de matchs mais plutôt d’évoquer les souvenirs présents et anciens. Pour cela, il fallait se rendre au "Café Maupas", lieu culte du village empestant le tabac, le pastis et la gouaille paysanne ou les mains calleuses battaient les cartes au son des anecdotes. Côté champs, la terre reposait en paix, les faisans, les bécasses jouaient à cache cache avec les futiles chasseurs. La Gimone, sous un brouillard matinal, transportait ses eaux boueuses de méandres en méandres. Au cabinet médical, la salle d’attente grouillait d’impatience tout en racontant en patois les petits potins de voisinage. Le marché du samedi était l’occasion de faire les dernières emplettes pour le Réveillon pendant qu’au Foirail, le concours de foies gras, chapons et pintades récompensait les meilleurs lots. Faut dire que mon Père était gâté recevant en offrandes de Noël les premiers prix du concours issus de sa patientèle. Vous dire que les repas n’étaient pas copieux et riches serait un pieu mensonge, notre « Bonne » Madame Maillol, un vrai cordon bleu, exécutait  des recettes savoureuses sur le vieux piano en fonte nourri au feu de bois. Ma Mère s’occupait de la décoration de la table faute de pouvoir œuvrer en cuisine, domaine réservé à qui de droit. Mon Père, caviste par passion, choisissait des bouteilles en ma compagnie, m’expliquant la provenance avant l’avis tranché de l’œnologue familial. Tout une effervescence avec ses rites et coutumes, un espace temps ayant laissé la place aux rêves, aux discussions interminables au son de la flambée de bois et des vapeurs croisées du tabac et des cigares. Vous comprendrez aisément le pourquoi du comment de mes goûts prononcés pour les produits de la terre et mon affection ancrée pour le rugby. Je regardais le Stade hier soir, bousculé par les marins de la Rade qui ont fini par couler le tout dans un écrin de paillettes et d'artifices alors même qu’à côté du Stadium sont les boutiques des Restos du Cœur et celles du Secours Catholique. Je suis ravi de vous conter ce moment de vie d'un petit enfant privilégié et heureux qui a vécu dans le berceau de Pierre de Fermat perdu dans la Lomagne agricole et rugbystique et, en l’écrivant, je me rends compte que le Bonheur n'est qu’une illusion fugitive et que le rugby est devenu un marqueur de la société de consommation avec ses illusions et ses nouveaux critères. Alors Joyeux Noël, à Toutes et à Tous, ovale, goûteux et familial.

18 novembre 2023

" Tu Quoque Mi Fili "



Exister est un fait, vivre est un art. La vie, c'est de passer de l'ignorance à la connaissance et des ténèbres à l'Amour. Le rugby est donc le fil conducteur de tout en chacun qu'il soit pratiqué ou non. "Toi aussi mon fils, tu feras comme ton Père" pourrait on se dire aujourd'hui comme dans d'autres corporations quand on voit éclore autant d'enfants prodiges que leurs ainés.

Le rugby ne s'invente pas sans avoir des bases, je dirais élémentaire comme à l'école primaire. Ânonner ou bégayer est devenu un standard qui s'étend jusqu'au terrain de rugby. Maintes fois, les joueurs reproduisent les mêmes erreurs, les mêmes fautes, déclinaisons de leurs entraineurs parfois. Certains font exceptions à la règle comme Barrau, Villepreux, Dupont, pour les avoir vus, nés avec le gène ovale, surdoués, visionnaires et avant-gardistes de ce jeu à la main tant de fois enterré pour d'obscures raisons. Alors, avec raison et méthode, la connaissance s'apprend jusqu'à un certain degré tout comme la littérature, la philosophie, le calcul. Pour s'en convaincre, revenez en arrière au temps des grecs, des latins, du siècle des lumières ou plus près de nous au XIXe. Le XXe et le XXIe ne sont autres que la continuité de ce passé. Alors, oui, le savoir devient une ouverture d'esprit tant sur le terrain que derrière un comptoir ! On peut s'enflammer de tout et de rien, d'un point perdu à une victoire inespérée. Le rugby a cette faconde de toucher les étoiles comme de tomber dans l'abysse du mal.

De passer par les ténèbres, d'en connaître les méandres et un jour de tutoyer le Bouclier de Brennus ou une Coupe donnent tout son sens à l'Amour que l'on porte à ce jeu et à la vie, une sorte de bonheur et de sérénité au fil de sa carrière. Il suffit d'une fois pour comprendre ce qu'est le graal de ce jeu qui se transforme en art à part entière. C'est une théorie aussi fumeuse que vraie nourrissant contradictions et vérités tant sur le terrain que dans les tribunes voir au sein des éditoriaux.

Reprendre la célèbre formule de Caesar a pour but d'insinuer que la passion peut être dévastatrice et qu'aujourd'hui le rugby ne meurt pas de son aura mais de tout un florilège de parasites et de cupides qui nuisent à l'éclosion de l'art qu'il porte.

29 octobre 2023

" Un Point "

Un Point



Si la vie ne tient qu'à un fil parfois, la victoire lui est similaire. Personne n'aurait prédit un tel score devant un rugby diamétralement opposé culturellement. Aujourd'hui, pour l'avoir écrit, la victoire se dessine sur les fautes, les buteurs et les cartons. L'enjeu a pris le dessus sur le jeu et se pérennise insensiblement en tache d'huile. 2 cartons jaunes dont un rouge excessif à mon sens, ont suffi pour faire basculer une finale si prometteuse dans l'ennui tactique. Si TMO ne mettait pas son grain de sel en permanence au détriment de l'arbitre de champ, nous aurions eu fort probablement un jeu plus ouvert favorable aux Blacks. Même les capitaines vont être obligés de ne plus s'étonner de rien dans les décisions à tel point que dans un avenir proche, un match sera dirigé par télé arbitrage et sono comme pour les hymnes tuant l'esprit du jeu. Bien sûr, nous n'avons pas des enfants de chœurs sur le terrain, toujours à la limite des règles voir plus parfois mais avec un arbitre de champ aguerri la dimension humaine pourrait être au rendez-vous. L'erreur est humaine et restera telle quelle sous peine que le rugby devienne un jeu vidéo. Parlons aussi de la dimension politique qui se cache derrière ces décisions pour les moins surprenantes ! World Rugby reste sous contrôle de l'empire britannique et de ses colonies et mieux vaut être asservi au système et bien payé que son contraire. Comme en 2011 pour la finale ou comme en 1995 avec Mendela, la victoire se prépare dans les salons à mots couverts. Pas de bruit, pas de vague !

Trois matchs, chaque fois un point discutable qui fait la différence pour gagner la coupe du Monde ! Enorme coïncidence dans l'alignement des astres et dans la chronologie de ce sport. Les latins avaient finalement tort "Bis repetita non placent" et pourtant Virgile disait "magnus ab integro saeclorum nascitur ordo" issu de la Quatrième Bucolique, repris pour les Jeux Floraux annonçant que l'âge d'or est devant nous. Lisez Hugo et A Pollion ! Ou allez voir une fresque de Raphaël dans la basilique de la Sainte Trinité à Florence pour s’imprégner de la Bucolique. Comment est-il possible d'en arriver là sans que la magie ne soit opérationnelle ?  Est-ce l'intelligence novatrice d'un entraineur et de son staff, sont-ce les joueurs habités par la soif de gagner ou est-ce l'adversaire apeuré devant tant de titres ? L'analyse de ces 3 matchs montrent que la triangulaire a été respecté, impacts, agressivité et recherche de fautes pour des pénalités pour buteurs certifiés. Le retour de Pollard est donc tout sauf une surprise. Néanmoins, pour les amoureux du jeu Bock, je souligne qu'ils ont des ailiers félins appuyés par des centres plus que robustes nous gratifiant d'essais magnifiques peu communs en première main. Le "Roi Lion" a triomphé avec ces vieux guerriers infatigables et ces jeunes pousses tout aussi expérimentées créant une homogénéité implacable. On parle de Dupont mais FDK n'a rien à lui envier tellement il fût prégnant sur son huit de devant et sur la conduite du jeu. Et pourtant hier, le meilleur fût Aaron Smith, sans parti pris, offrant des ballons d'essais, remettant les siens en jeu à quatorze, exultant sur l'essai refusé et pleurant au coup de sifflet final. Une véritable dramaturge pour ces All Blacks qui ont montré tout au long du match l'immensité de leur talent sans se résigner aux décisions arbitrales. Mourir aux portes du bonheur, tel est le destin du jeu !

Un autre point essentiel qui découle de cette coupe du Monde, c'est de changer notre culture trop franco-franchouillarde pour espérer un jour conquérir une étoile. A commencer par travailler des postes vacants ou le niveau international est requis, deuxième ligne, demi de mêlée et demi d'ouverture, centres ou la colonie étrangère musèle l'éclosion de talents. Pourquoi sommes nous trois fois champions du Monde des moins de 20 ans et que nous n'arrivons pas à capitaliser ces étoiles ? Une mise à plat serait nécessaire dans ce marigot pour connaître les priorités la LNR ou la FFR  ?

Dernier point et non des moindres, l'intégrité de World Fruit Juice ! De nouvelles compétitions vont éclore pour 2026 pour les grandes et les petites nations sans pour autant se mélanger. A quoi bon hormis l'aspect financier ? TMO, organe central qui choisira ses étoiles sans respecter la vérité du terrain ! Cela pourra t-il perdurer ad vitam aeternam ? Le tirage au sort pourrait-il avoir lieu quinze jours avant le début des compétitions ? Autant de questions ou les réponses appellent des commentaires.

Finalement, cette troisième coupe du Monde m'a permis de voir que rien ne change, que seul le public reste égal à lui même et que finalement le résultat n'est que secondaire laissant la place au seul point important de ce jeu, le rêve.

10 octobre 2023

" Victoria, Victoriae "



L'empire romain, à son apogée, sous l'égide de ses mentors que furent César, Tite Live ou Pline n'avait que ce mot à la bouche "Victoire" mais j'ai toujours préféré Laocoon disant "timeo Danaos et dona ferentes" ("l'Eneide" de Virgile) en mémoire du cheval de Troie et d'Homère ! Locution souvent employée en particulier par Monsieur de Tréville pour dire "Méfiez vous de l'ennemi qui vous fait des présents" à propos du diamant offert par la Reine à d'Artagnan. L'ennemi est ciblé, ce sera le ballon, le "dona" des Dieux de l'ovale qui choisira son vainqueur. Toutes les ruses seront bonnes, psychologiques, physiques, verbales ou digne de certains simulacres bien connus des footballeurs. Rien ne viendra enfreindre la loi du sport hormis l'arbitre et TMO avec des cartons téléguidés par des SMS circulant plus vite que leurs ombres ! Avant de poursuivre, un retour bien légitime sur ces poules maléfiques. Grâce est de rendre louanges et respect aux petites nations qui nous ont enchantés par leurs prouesses collectives et individuelles. Bien sûr le Portugal "Victoriae" mais aussi le Chili, l'Uruguay, la Namibie, pays ou la sueur prend tout son sens. A un degré moindre, les Samoas, les Tongas, la Géorgie et le Japon ont soufflé le chaud et le froid à mon sens bien loin de leurs niveaux espérés. Si le terrain nous a enjoué par cet amateurisme éclairé de bonne facture, la convivialité des tribunes fut un oracle culturel de plaisirs partagés. A l'heure ou frappe à nouveau la barbarie, il est doux de voir ces sourires, ces costumes traditionnels, ces hymnes a cappella, cet engouement spontané planétaire de partage. C'est si rare, si bref et si énivrant qu'il faut le souligner. Parenthèse fermée trop vite à mon gout tellement le plaisir fût intense, je bascule sur les quarts voire les écarts. D'un côté, au stade de France, le futur vainqueur de la coupe du Monde sortira de ces guerres fratricides ou chacun connait par cœur son voisin. D'où le "timeo" de ne pas voir notre coq refaire une "Michalak" au nez et à la barbe de l'ennemi car cette fois ci TMO aura l'œil avisé ! Volontairement j'occulte le retour ou pas de Dupont car la médecine est devenue un alambic de bienfaisances fourvoyant au delà de tout la rigueur scientifique au profit de la gloire, de la gagne tel un Spartacus devenu gladiateur et non joueur. Côté Massilia, comme en cuisine, le tamisium nous laisse de jolis restes sans la saveur attendue affichée au menu. Mais bon, quelques herbes de Provence, comme pour une bouillabaisse, et l'ivresse revient ! J'ai des doutes quant au fait que nous dégusterons un grand cru même si l'ensoleillement reste exceptionnel. La gouaille de Nana fera mon bonheur, elle, la plus vieille poissonnière en activité sur le Vieux Port ! "Ferentes", ils sont là mais dans quel ordre ? A Lutetia, du vert ou du noir pour se mélanger au bleu mais quel vert ? La Bonne Mère va t-elle voir rouge ? Je pense que oui à moins que le vélodrome retrouve sa couleur originelle bleu ciel !  Dans tous les cas, "Victoria, Victoriae".

09 septembre 2023

" Ô Final "



La victoire du XV de France hier soir permet de rêver ou pas sur le contenu des deux équipes jusqu'à la finale. Le malaise est là pour plusieurs raisons. Tout d'abord, Dujardin repoussant notre Coq national blasphémant ainsi symbole et valeurs du rugby, le tout couronné avec un idiot de piètre qualité méritant plus plumes et goudron que son accoutrement. Enchainement nébuleux avec notre impact Player de Président qui n'a rien d'une tunique bleu ni d'un coq d'ailleurs si on le compare à Bill Beaumont ! Plus sérieusement, le rugby est-il sorti gagnant de ce match d'ouverture ? Oui par certains côtés, des essais, du suspens, un public respectueux du Haka et des buteurs et la victoire française aux forceps. Deuxième défaite des All Blacks qui avait pourtant les armes pour gagner en jouant à la main, deux essais révélateurs d'un talent hors norme qui a mon sens a tranché avec tout le reste c'est Mark Téléa, un félin, crocheteur et finisseur. En fin de première mi-temps, au lieu d'être patient et de tuer le match ou du moins d'enfoncer le clou, les kiwis se sont fourvoyés dans la précipitation. Après un 2e essai peut être entaché d'un discret en avant, le jeu au pied fut fatal laissant la place à un système défensif perfectible et redonnant de la vigueur aux français qui n'attendaient pas autant. Leurs forces c'est le jeu à la main, l'attaque et l'arrivée de Joe Schmidt a peut être terni cette marque de fabrique. Il sera grand temps d'y remédier sous peine de continuer à perdre. Autres points inhabituels, c'est le nombre de fautes au sol et la défaillance du buteur, points clés de ce match. 12 points donnés à Ramos avec une pénalité manquée quand, de leur côté, ils perdent au moins 7 ou 10 points. Si on fait un différentiel, la victoire est moins évidente. Ces fautes trop nombreuses ont une explication, la technicité des français au sol. Même si nous avons ratés une trentaine de placages, nous avons dominé au sol avec une 3e ligne impériale et besogneuse sous la houlette d'Aldritt mais aussi de Dupont au four et au moulin. Atonio a fait mal en mêlée et notre 2e ligne s'est ressaisie à la 50e minute. Reste que certains cadres AB sont vieillissants et moins performants qu'à l'accoutumé, signe que Robertson, le nouveau sélectionneur va devoir compter sur la jeunesse pour redorer le blason. Côté français,  nous finissons très fort le match, œuvre de Mr Giroud probablement mais aussi des joueurs, opportunistes et libérés mentalement du risque de défaite. A ce jeu, Mauvaka flamboyant faisant oublier la blessure de Marchand, Flament, Aldritt, Dupont, Jalibert, Penaud et Ramos ont donné du sens à cette victoire avec Jaminet heureux d'un rebond favorable. Dans le jeu attaque défense, nous avons mangé du foin en particulier Fickou et Moefana sans parler de Villière décevant. Ils ont du travail de ce coté là et heureusement que les Blacks n'ont pas poursuivi leurs efforts à la main préférant gérer et maitriser au pied en attendant une opportunité. J'ai senti aussi que lorsque le haut niveau pointa son nez par moment en puissance et en vitesse, nous étions très perfectibles ce qui aurait pu nous couter la victoire. Reste l'arbitrage de Mr Peyper, peut être trop libéral sur certaines actions et très à cheval sur la règle en d'autres occasions. Incompréhensible les juges de ligne sous les poteaux montrant à quel point des lacunes sont encore de mise à ce niveau ! Aujourd'hui et demain du croustillant à se mettre sous la dent pour donner du gout et de l'élan à ce match d'ouverture. Plus que 55 jours pour connaître le vainqueur, le chemin va être long et usant. Les cartes vont être rebattues dix fois à mon sens, les surprise sont attendues et les quarts de finale vont avoir une saveur particulière. Bien sûr, la France demeure favori à condition de montrer un autre rugby dédié à l'attaque et de ne pas toujours compter sur les fautes de l'adversaire pour capitaliser. Au final, la chance sourit aux audacieux, serons de ceux là ?


25 août 2023

" Rome ou l'Olympe "


Cornélien débat de savoir si le Latium ou l'Agora sont les lieux sacrés des futurs Champions ? A vrai dire opposer deux civilisations revient à comparer deux hémisphères dont les fondamentaux sont issus du même fond baptismal. Deux voies ou deux chemins ont ils un intérêt commun sachant que quatre pays sont en mesure de gagner le trophée Webb Ellis ? Si on ne s'arrête qu'à l'aspect financier, World Fruit Juice n'y voit que des avantages doublant ainsi les paris et selon la loi de l'incertitude un outsider emballerait la trésorerie. Alors que la ronde des matchs amicaux se termine cette fin de semaine, Afrique du Sud All Blacks ce soir va surement donner le la pour le huit septembre. Point de prophétie, ni de supputation sur un match ovalesque ou le rebond choisira son vainqueur. A écouter Giroud, les Bocks avec en moyenne 125 minutes de jeu et les All Blacks 145 minutes ont une avance sur nous totalisant 85 minutes de temps moyen de jeu par joueur. La phase de plateau pour une performance maximale constante est d'un mois et demi grosso modo. Sommes nous dans ce créneau ? François Cros y répond en expliquant sa volonté d'avoir plus de temps de jeu ! Lors du dernier tournoi des VI Nations, les irlandais avaient pulvériser tout le monde en s'approchant des 50 minutes alors que nous trainions avec 38 à 42 minutes se traduisant au final par 4 essais à un. Noah, Deschamps, un joueur paraplégique sont venus renforcer la cohésion du groupe en plus du coach mental. Est ce suffisant aujourd'hui ? Tous ces matchs amicaux, laboratoire du jeu et des costumes a montré que les automatismes ne se forgent pas dans un camping mais durant de longues campagnes. Hors, nous en sommes encore, avec les blessures, a des essayages pour le bal costumé. La pédagogie et la science Galthieusiène, savamment théâtralisée, laisse de la place au rêve contrairement à Onesta qui nous avait habitué à moins de discours et à plus d'efficience sur le terrain. Pour en revenir à la dualité proposée, je ne sais pas, pour ne pas avoir encore visité la Grèce, si de nos jours il vaut mieux le Colisée ou l'Acropole, mais ce dont je suis sûr, c'est que dans les deux cas c'est une affaire d'hommes, de convictions, d'architecture et de culture. Ni Athéna et son égide, ni Flavien et les munéras, ne pourront savourer le bonheur d'un peuple qui attend le Messie Ovale bien plus que de raison. La Gaule n'a jamais gagné à Rome mais César, grand Général, aux 23 coups de couteaux finit par dire "Toi aussi, mon fils". Alors "Toi aussi, le XV".

21 juillet 2023

" Tronçons de Rugby "




L'été bat son plein et les semailles ont laissé place à des rouleaux de paille bordant les prés et les routes. Les perdreaux commencent à piéter et le renard est à l'affût d'un bon repas. Ces derniers temps, comme un chant du cygne pour lequel on nous avait prédit la canicule, les pluies diluviennes et les orages ont inondé nos terres dont la conséquence est l'abondance de fruits dans les jardins. Les pies, les merles enchanteurs, les moineaux et les hirondelles s'en donnent à cœur joie pour gaver leurs portées. Le jardinier est moins chanceux hélas contraint de prendre son mal en patience retrouvant ainsi la période étudiante ou je passais beaucoup de temps à flirter avec la télévision. Bien sûr, le tour de France occupait mes après-midis en particulier les étapes de montagne. Moments divins où les grimpeurs abattaient leurs cartes parfois au détriment des futurs vainqueurs du tour. Subjugué par cette félinité trop naturelle parfois pour être vraie, les étapes pyrénéennes furent mes moments favoris. Souvenirs de l'enfance où mon oncle me berçait avec les comptes du "Miroir des Sports" et de "l'Equipe" et mon Père avec Victor Fontan, noble maillot jaune un jour en 1929, déchu le lendemain à cause de sa fourche cassée. Les étapes faisaient 250 km et les cyclistes franchissaient 4, 5 ou 6 cols sur des chemins ou des routes chaotiques. Cette année, la magie opéra au col de la Loze avec seulement 23 km de montée ce qui paraît peu par rapport aux années 70 ou 80 où les cyclistes partaient pour 6 à 8 h de chevauchée, "O tempora, o mores" ! L'évolution des pratiques sportives, des technologies et de la science médicale font qu'aujourd'hui, le tour de France n'a plus le panache de jadis avec des étapes tronquées et des courses calculées et millimétrées sans trop de saveur finalement. Heureusement, le rugby n'a pas cédé au chant du cygne et arrive encore à m'enchanter. La Championship, une fois de plus, a délecté mes papilles par un jeu tourné vers l'offensive, sans commotion cérébrale, sans trop de recours au vidéo arbitrage exception faite de Monsieur Raynal et avec un terreau de jeunes talents. All Black Afrique du Sud fut un chef-d'œuvre de gourmandises où chaque nation a su garder son rugby identitaire, montrant aussi de nouvelles facettes dans la construction du jeu et dans le talent des joueurs. À ce stade de la compétition, comment ne pas penser que la France pourrait être championne du Monde si elle ne corrige pas très rapidement son fond de jeu ? Pour Tana Umaga, Dupont n'est pas le meilleur joueur de l'EDF tressant des louanges de Ramos au sommet de son art. Dire que je suis ce joueur depuis qu'il a été champion de France Crabos et qu'il a permis à Colomiers de se maintenir en pro D2 à une époque où personne ne croyait en lui, pas même le ST. J'occulterais volontairement les péripéties de la première ligne du Biarritz Olympique pour vous parler plutôt d'Urios, toujours aussi singulier dans ses méthodes de management. En effet il a été demandé aux joueurs de former deux groupes et de manager des troupeaux de brebis pour créer une cohésion et rechercher les possibles leaders du groupe. Autre paradoxe, Pau et Montpellier ont choisi une préparation au sein du club sans faire de stages en montagne ou en bord de mer. Pourquoi ? Lacroix, nouvelle rosette du rugby était en compagnie de Jelonch dans le callejon du Plumaçon pout mieux s'inspirer de la dureté que peu être le ruedo. Premier tronçon d'été ou se bousculent passé, présent et avenir, avec l'espoir d'écrire avec mes méninges. Paul Valéry disait "la tête, le coeur font mille bêtises, les mains se trompent rarement". Et pourtant, il suffit d'une fois.

21 juin 2023

" Fête du Rugby "


Le rugby connait la musique, que trop bien, qu'elle soit pop, classique, ringarde ou funky à vrai dire plus que protéiforme, seules les bandas, la Peña Baiona, la Honhada, la Marseillaise sont les plus connues. Reste que le 21 juin, fête populaire, est celle des amateurset anonymes qui œuvrent un peu partout non pas à la recherche de la gloire mais pour faire partager leur passion. Chaplin disait "l'action est musique". Qui dit "action" dit "réaction". Cette finale fût l'occasion de nombreux commentaires des plus amusants aux plus sordides. Côté sordide, R. O'Gara emporte la coupe avec des notes aigres, acides et mal venues effaçant le grand joueur qu'il fût. Mola, fin provocateur, ne fait pas mieux en parlant de "hold up". Retenons de cela que la passion fait dire bien des choses mais qu'elle ne peut se soustraire à féliciter le vainqueur. Il est toujours sain de voir midi devant sa porte avant d'aller mettre les pieds sous la table du voisin . La défaite n'est jamais le fait du prince. Un étudiant collé, perdre une finale de coupe du Monde en football, permet de comprendre que de réussir ou de gagner, n'est point le fait du hasard ou de la malchance. Derrière ces échecs qui peuvent vous marquer dans une carrière, se trouvent le secret de lacunes et de non dits enfouis en soi. Bien sûr que La Rochelle a dominé, trop dominé pour ne pas être vainqueur. Paul Valéry disait "la faiblesse de la force est de ne croire qu'à la force". Et certains techniciens avisés du rugby français ont su décortiquer les erreurs du staff rochelais. A commencer par le manager du Stade Toulousain qui a mis en place une stratégie payante arc-boutée sur la défense pour détruire toute prérogative de la puissance des avants rochelais. A ce compte, ils ont réussi ne comptant que sur les erreurs de l'adversaire. Pari gagné sur Danty et sur Seuteni bien malheureux dans son placement défensif. Comme une symphonie, on attendait des uts et des contre-uts, des essais de grande envergure signature du jeu à la toulousaine. Seul l'éclair de génie de Romain a frappé les consciences et a ravivé les émotions. On ne peut qu'apprécier cette lucidité, symbole de l'intelligence situationnelle, qui a crucifié "la Caravelle" qui allait franchir les trois tours médiévales, vestiges des fortifications maritimes et symbole du siège de La Rochelle. On aime ou pas le garçon mais pour l'avoir connu en U16 et U17, rien n'a changé dans ses qualités premières, la technicité et la vision du jeu tel un rapace surprenant sa proie. Connaître et réciter les gammes apprises ne font pas des joueurs le delta du succès. 90 jours nous séparent de la finale de la coupe du Monde et pour autant dans la sélection des 42 joueurs, aucun n'a l'exclusivité de faire parti du concerto final. Le chef d'orchestre n'est pas le même, ni la vision du jeu. Ce qui représente un avantage et un inconvénient. L'intérêt premier sera de masquer aux autres nations son système de jeu et de ne pas faire comme O'Gara de ne pas avoir de plans B ou C. Autre bénéfice, c'est de pouvoir palier aux éventuelles blessures. Reste que l'inconvénient pour les joueurs, c'est d'oublier les automatismes acquis en clubs. Le revers de la médaille sera aussi d'acquérir le haut niveau pour des temps de jeu pouvant avoisiner 45 à 50 minutes et donc d'avoir la lucidité des changements de joueurs au bon moment. Le match d'ouverture avec les All Blacks conditionnera la suite de l'aventure et sera le témoin de nos forces et de nos faiblesses. Quatre matchs préparatoires en août me parait beaucoup surtout si nous avons la canicule. Tous les championnats sont finis, la fête bat son plein dans les villages et les semailles sont déjà le témoin d'un été brulant. La fête ne serait pas la fête sans un nouveau Président, plus académique, plus discret, plus conciliant et probablement plus mélomane aujourd'hui qu'hier qui sera remettre naturellement le rugby au centre du village. Mais gare à ne pas être comme Alfred de Musset, je cite "je suis triste comme un lendemain de fête".


15 juin 2023

" XXIe et Rugby "


Le siècle des Lumières n'a pas fini d'éblouir les plus incrédules et le credo du tout ou rien bat son plein pour les plus naïfs. En soi, à l'aube de la coupe du Monde, celle de Bernie et de ses daltons, la France rêve debout d'un sacre déjà acquis. Légitime pensée à la vue des résultats de l'équipe de France dont la progression depuis quelques années nous laisse penser que le fruit sera mûr en octobre. Et nous le souhaitons ardemment. Mais pour jouer en toute sérénité il faut aussi un cadre. Chose faite avec un nouveau Président qui collige l'espoir du collectif amateur. L'ère des pardessus de ceux qui ont construit le rugby français à leurs manières est-elle entrée dans une nouvelle lune de miel fondatrice d'un rugby pur et sans attache ? Nul ne sait y compris Madame Irma car la boule de cristal est trop opaque pour que les Lumières soient. Le rationalisme, le libéralisme et l'individualisme, trépied fondateur d'un bouleversement culturel avait pour idée première le symbole de la bougie sur le bord de la fenêtre pour annoncer un évènement. Diderot disait "Si je renonce à ma raison, je n'ai plus de guide... égaré dans une forêt immense pendant la nuit, je n'ai qu'une petite lumière pour me conduire." Aujourd'hui, la nouvelle présidence aura pour tâche première de rallumer toutes les bougies de France, vœu pieu et peut être illusoire si l'on regarde l'histoire naturelle de notre sport. La cinétique des gouvernances passées a montré la limite de chacun des systèmes, le mauvais ayant pris le dessus sur le bon ne laissant à ce dernier qu'un corridor d'espoir aussi tenace qu'une bougie. Les valeurs telles que l'éthique, le partage, l'éducation, la tolérance, devraient sortir du cercueil dans lequel nous nous sommes enfoncés. Voyez la valse et le lynchage médiatique des entraineurs, voyez la perfidie minutieuse avec laquelle les opposants du nouveau président s'accrochent, voyez les commentaires des joueurs bien plus à l'aise que sur le terrain pour certains, voyez les affaires de mœurs qui s'infiltrent dans le rugby comme dans la société, voyez ce monde professionnel plein de bluffs comme au poker, voyez que l'argent devient le moteur et le fruit de l'espérance au delà de tout. Rien ne va plus, faites vos jeux et choisissez la bonne carte ! Ne soyez pas grégaire, les moutons se comptent par milliers.


   


08 juin 2023

" les 100 Jours "


Un compte à rebours historique terminé à Waterloo. Il ne pouvait en être autrement avec "l'Inconstant". Des signes qui ne trompent pas sur le "vol de l'Aigle". Quid du XV de France à l'aube des phases finales ou le général Galthié prépare ses troupes au combat ? Premier stage à Monaco, une similitude avec Golfe Juan, non loin de là ? Mais aussi, première victime, Haouas dont l'épopée se termine pour le bien de la moralité et de l'éthique. Derrière cette apparence tactique des préparatifs, se cachent des tractations. Les équipementiers déjà se bousculent pour rafler à petit prix le maillot de l'EDF car, en cas de victoire, le profit sera juteux. Mais aussi la course à la Présidence de la FFR qui bat son plein dans l'animosité la plus totale et la plus stupide qu'il y ait. Être gaulois, franchouillard, gascon est certes une chose, mieux vaut rester Mousquetaire car les Mazarinades seront nombreuses et incertaines jusqu'au sacre tant espéré. Buisson met un diktat aux clubs sous peine de blocage de la fédération pendant que le pourpre essaie de s'infiltrer au comité exécutif de World Rugby. Le venin est mortel comme chacun sait et bien souvent comme le fiel, il témoigne de l'acrimonie des personnages. Probablement un désastre à prendre en compte par le général dont on connait les affinités de longue date. Et voilà que Dupont remet sur la sellette le Salary Cap comme si d'avoir le totem de meilleur joueur de la planète ne suffisait pas. Bien lui prend de dénoncer ce blocage institutionnel lui qui jouit de privilèges au Stade Toulousain. Déjà momifié par Grévin contre toute logique, il devrait se méfier des symboles qui sont parfois des oiseaux de mauvaises augures. Les latins en savaient quelque chose par expérience, Quintilien, rhéteur et pédagogue, disait "du commencement on peut augurer la fin". Après la Principauté, retour à la cantine de Marcoussis pour finir dans la pinède des Landes à Capbreton en famille. Cinétique choisie par le général avec 4 matchs de préparation en août pour dégourdir les jambes avant le choc avec les Blacks. 100 jours c'est beaucoup et bien peu, Napoléon, malgré la conjugaison de l'esprit et de la règle, a du abdiquer face à l'apparence trompeuse des faits. La coalition a eu raison de sa présomption de souverain pour laisser un pays exsangue loin de se douter de la punition finale celle de l'exil. Si l'Empereur nous a laissé un patrimoine institutionnel toujours en vigueur, les guerres ont laissé beaucoup trop de croix sur son chemin. Plaise à Galthié de ne pas avoir trop de blessés durant cette période car le manquement et la lucidité se paieront comptants.


29 mai 2023

" UFAR à l'Ail "


De retour de la Lomagne de mon enfance, après un tournoi UFAR de haute volée, je ne peux que témoigner sur le fait que le rugby des champs est loin d'être mort. Beaumont reste le fief et le joyau des Anciens du Rugby. Pas une ride, pas un geste d'humeur si ce n'est la bonne humeur, du jeu à toucher pour les moins téméraires et du jeu à plaquer dans un esprit chevaleresque. Les Pan Tintat furent dans le moule tracé par la tradition des anciens. Le Bonheur est total, le long de la Gimone, qui a connu par le passé tant de turbulences. Les tribunes de Louis Rougean ont disparu et ne sont plus qu'un nuage de souvenirs. Le stade Gaston Vivas s'est embelli avec le modernisme photovoltaïque, barriques, tables, buvettes, chalands en rang de batailles, tout le monde était là pour ce noble tournoi, la première année ou il fut mixte. Normal la marraine était Audrey Forlani, Capitaine du XV de France et Beaumontoise. Sans oublier les parrains, eux aussi anciens internationaux, Lionel Faure, Jean Louis Dupont et Max Barrau dont j'ai partagé la table au repas de Gala, un privilège des plus rares. Le soleil était là et l'ambiance a vite monté le premier jour avec du toucher ce qui a permis à ces dames de montrer leurs talents et cette touche de féminité qui manque parfois à certains hommes mal léchés en manque de galanterie ! Cette mixité a donné du sens aux caciques du jeu conventionnel. J'avais donc en charge le "médical". Venu avec un grupetto de jeunes étudiantes et étudiants, avides de participer, heureux de sortir de la faculté, vite plongé(e)s dans l'ambiance Lomagnole, ils ont su mettre à profit toutes les consignes pour le plus grand bonheur des joueurs. Et ce avec toute la complicité des sapeurs pompiers et de leur chef de corps. Mieux, mes deux étudiantes préférées, ma fille et ma femme, ont donné une autre dimension à cette journée singulière. Emu intérieurement de pouvoir travailler en famille et de transmettre ma passion, je pensais à mon Père, qui toute sa vie, a donné pour le rugby beaumontois et jamais nous n'avons pu faire ce chemin initiatique. Alors, le temps a bousculé les idées reçues m'offrant le plus beau des cadeaux celui qu'on rêve secrètement sans trop d'illusions. Mission accomplie et Merci au Rugby, guide de mon esprit et d'une de mes passions, d'avoir su conjurer le sort des épreuves de la vie. Hier fût la journée du rugby à plaquer et à se chauffer les oreilles, avec gentillesse mais détermination comme si la testostérone se réveillait tel un volcan éteint. Toute la panoplie des traditions locales fut mise en avant par tous les participants des quatre coins de la France; humour, musique, joyaux culinaires, bref une mise en bouche avant les marrons chauds ! Les roublards sont restés roublards, les demis toujours vifs et les arrières encore sémillants pour faire quelques tchik tchak bien sentis. Le doyen, 81 ans, ne sait pas laisser compter des railleries pour montrer que bien vieillir n'est plus une fable. Le crépuscule a donné le tempo des festivités, apéritif, repas et remise de prix. Mon grupetto est reparti pour terminer Pentecôte sous d'autres cieux, jeunesse oblige. Mon devoir est accompli, apaisé d'avoir partagé tout un pan de vie consacré au rugby en famille et de m'être rapproché encore plus de Jean Louis et Valérie Dupont qui m'ont offert hospitalité et amitiés. Décidément, l'ail aura toujours un gout inattendu et suave en plus de l'odeur !

18 mai 2023

" Rugby à l'Âme "

                                   


Finales de Coupes d'Europe, Coupe du Monde, phases finales du top 14 et de Pro D2, l'ovale a t-il gardé son âme de ce pourquoi il a été inventé ? Si l'on regarde l'amende de Mont de Marsan, condamné par la LNR, à verser 10 000€ pour une haie d'honneur pour Julien Cabannes, fidèle à son club depuis l'enfance, nous sommes aux antipodes de toute valeur humaine et sportive. Du projet de Florian Grill, candidat à la présidence de la FFR, je ne retiendrais qu'une idée, celle des fiefs amateurs, rugby de clochers, fédérateurs de liens dans notre société actuelle qui en a bien besoin. La semaine dernière, une mère de famille m'a demandé 5 places pour aller voir ST UBB au Stadium pour les offrir à son mari et ses enfants. Plus de 300 € derrière les poteaux quand l'abonnement à l'année pour les mêmes places "familles ou jeunes" au TFC est de 119 €. Elle a renoncé. Aujourd'hui, les gradins sont remplis par les partenaires des clubs qui achètent des lots de places pour les offrir à leurs béotiens de clients. Des païens venus boire et manger et être de parfaits brailleurs patentés ! Les initiés chuchotent et se cachent de peur du ridicule. Heureusement que tous ces fleurons de l'ovalie ancienne renaissent comme l'albatros petit à petit de leurs cendres comme en Lomagne ou ailleurs où le rugby est redevenu le lien entre les générations. Mais ne rêvons pas, le professionnalisme est carnivore et rapace. Rapace de tous les talents en herbe dans les écoles de rugby ou ils viennent faire leurs marchés sans trop indemniser les clubs formateurs. Carnivore entre eux pour construire une armée de gladiateurs utilisés comme des mouchoirs jetables (Jaminet) montrant à quel point un recruteur peut se tromper sans état d'âme. Si Montesquieu, auteur de "l'Esprit des lois" pensait ceci "Il s’en faut bien que le monde intelligent soit aussi bien gouverné que le monde physique", de violer les lois de la physique conduit au déchet rugbystique. Comment peut-il en être autrement ce jour lorsque l'esprit est corrompu par le gain ? L'argent efface de l'âme toute honnêteté. Alors, dans toutes apparences trompeuses d'un rugby de valeurs se cachent la perversion, la tricherie et l'intérêt personnel de chacun des acteurs au sein des fédérations. Si le rugby est la signature de William Webb Ellis, l'Haspartum, jeu romain avec une outre de cuir existait déjà et fût  importé en Grande Bretagne. N'oublions pas non plus la Soule au Moyen Âge, vessie de porc ancêtre du Hurling puis du Rugby. L'Ovale a donc mis presque XX siècles pour faire sa genèse actuelle. Parfois l'âme fait plus défaut qu'autre chose et de regarder ces spectacles à venir ne doit en rien voiler le filtre de nos âmes d'amoureux du rugby. Quoi de mieux que de rêver : "les lois doivent être tellement propres au peuple pour lequel elles sont faites, que c’est un très grand hasard si celles d’une nation peuvent convenir à une autre." Montesquieu.


11 mai 2023

" Entre Shamrock et Croix Templière, The Seven Series "


       


Un an a passé et à nouveau la même finale au sein même de l'écrin du pays du Trèfle, Dublin. Nous voilà donc, toute proportion gardée, revenu au tournoi des VI Nations 2023 ou l'Irlande nous a fessé de façon rugbystique. Et pourtant les protestants ont eu raison des celtes un an auparavant en ayant eu le pied marin.  Il est un fait que les Maritimes arrivent en forme au bon moment faisant figure de proue et épouvantail lors des derniers matchs de top14. Effet du printemps, des corps cétogènes comme sur le tour d'Italie, La Rochelle impressionne par ses performances. Et pourtant, à revenir sur ce quart de finale contre Exeter, 6e du championnat anglais, certes ils ont gagné avec la manière mais en prenant 4 essais de belles factures. Se prononcer aujourd'hui fait figure de voyant et pourtant, au regard du match du Stade Toulousain, sans compter les cartons jaunes et les blessures, l'évidence crevait l'écran en regardant le Leinster. Jeu fluide, rapide, puissant dans l'axe, combinaisons abouties, paire de demis efficiente avec des lignes arrières mortes de faim, une défense implacable, bref tous les ingrédients de l'équipe d'Irlande. La marche était trop haute pour espérer aller en finale. Bien sûr, les blessures, les cartons jaunes, les mauvais choix de Mola ont fini de marquer au fer cette équipe toulousaine. Et quand on voit la renaissance devant l'UBB, on ne comprend pas ce passage à vide sur ce quart de finale. Le Leinster, c'est l'équipe bis d'Irlande, il ne faut pas s'y tromper. Les maritimes, "petite roche" du latin Rupella, devenu rocca, rocella et rochella ont pour devise "Servabor Rectore Deo" (je serai sauvé par Dieu comme mon guide). Samedi, la devise ne suffira probablement pas. Comme tout vaisseau de guerre, avoir de gros canons ne signe pas la victoire mais peut impacter l'ennemi. L'erreur serait de reprendre les standards de l'an dernier qui ont donné gain de cause. Ronan O'Gara a ses antennes et a du visionner tous les matchs de ses congénères pour avoir un plan de bataille bien précis. La puissance, la vitesse et la défense seront la clef de voute du match à moins que la météo ne fasse des siennes où TMO. 2 ou 5 étoiles pour une Champions Cup qu'importe finalement, pourvu que l'on ait un beau vainqueur. Dès demain, et pendant 3 jours, nous accueillons à Ernest Wallon une manche du Seven Series. Une fierté pour l'association d'avoir été choisie pour couvrir l'évènement. Le dernier Seven médicalisé pour l'auteur remonte à 2004 avec ce beau trophée en cristal glané comme si j'avais été joueur ! Plus sérieusement, le plaisir va être total de retrouver un public très différent, un environnement certes World Rugby mais dont l'approche garde une certaine convivialité, une revue d'effectif grandeur nature des talents cachés dont le seul objectif sera de marquer et de se qualifier pour les finales. J'ai toujours eu un regard amusé du rugby à VII surement parce qu'il me rappelle celui pratiqué dans les cours de récréation avec une pelote de chiffons. Le but c'était d'effacer son adversaire par la vitesse, le coup de reins, le changement de pied et la vision de la ligne de but pour marquer. Je me souviens de ces chamailleries pour récupérer la pelote, des coups bas type croque en jambes, coup de coudes, et de faire obstruction sur les adversaires pour mieux passer entre les mailles du filet ! Parfois, je rentrais à la maison, bleui d'une estampille ou le pantalon troué voir la chaussure arrachée faisant la joie de ma mère. Enjoué de voir des purs sangs libres du tableau noir et tournés vers le jeu, demain et les jours suivants seront des journées plaisirs à l'état pur ou nous allons répéter nos gammes en vue de la coupe du Monde.



25 avril 2023

" Ail en Chemise "



Au pied des Alpes, ou jadis Hannibal engageait ses éléphants et son armée, le XV de France féminin, toute modestie gardée, allait enchanter un public acquis à sa cause. Tout l'oppose à son homonyme masculin. Très juvéniles dans leur paraître, souriantes à souhait, d'une simplicité enfantine, je découvrais l'univers féminin ainsi que celui des Galloises. Devant une armada de factotum estampillés World Rugby pire qu'une ruche d'abeilles, ces dames passaient presque inaperçues. Officiant pour la bonne cause, je rencontrais mes consœurs avec bonheur. Côté français, pas de surprise puisque le rugby et l'hôpital nous unissent depuis de longues années à tel point que nous allons officier pour le Super Sevens de Toulouse prochainement. J'ai bien aimé le staff adverse, nous délégant la totalité de la prise en charge des joueuses en cas de blessures. Un engagement et une confiance réciproque échangées par un baise main princier faisant sourire l'entourage ! Plus sérieusement, les chemises cachent bien leurs jeux. Si l'ail chemisé confi ne pose pas de difficultés majeures en cuisine et encore, il accompagne à souhait les plats gourmets et gourmands, la chemise quant à elle reste l'identité du rugby avec le blazer. Inutile de la comparer au maillot. En effet, les gabarits sont très hétérogènes, pas forcément sportifs à première vue et le pire est côté gallois. En regardant le morphotype des postes, j'ai été très surpris de la différence existante et flagrante. J'ai de suite compris que nous étions encore loin des standards du haut niveau tel que l'on peut se l'imaginer. Le pack gallois en imposait physiquement et pourtant il a souvent reculé. Cette image d'Epinal est très symptomatique du rugby féminin. actuel et une réflexion doit être engagée sur ses aberrations pour améliorer les performances physiques sans tomber dans le culturisme masculin. Gardons la féminité avant tout. C'est là aussi que j'ai compris que nous étions au tout début de l'ère du rugby féminin et que les aficionados masculins portaient un regard machiste et éculé sur ces dames. Il va falloir grandir et savoir apprécier à sa juste valeur ce qu'Aphrodite ou Vénus nous donnent en terme de charisme, de générosité et de beauté. Ceci étant, la poésie était là, de voir une joueuse et sa petite fille s'amuser sur le parvis des officiels comme si elles étaient dans la cour de récréation, une tendresse pleine de sympathie dans cet univers qui sent le soufre monétaire. Parfois, mieux vaut rêver habillée que nue laissant la place aux songes qu'aux commentaires incongrues.

10 avril 2023

" Ail rosé ou à point "




Comme toute résurrection en cette période Pascale, le printemps venu, le rugby sort ce qu'il a de meilleur, comme l'agneau aillé, rosé ou à point. La chrysalide n'est point un vain mot après ce match à Wallon que l'on peut montrer dans toutes les écoles de rugby sans modération. Les Sharks certes n'ont pas démérité avant de s'effondrer en fin de match devant le Seigneur des lieux Antoine Dupont et du Chevalier Thomas Ramos. Le roi Arthur "Lacroix", en quête de Graal, ne pouvait mieux rêver pour écrire la légende des Chevaliers de la Table "Rouge et Noir". Point de Camelot dans le jeu, Merlin l'Enchanteur, bien que créateur de Lancelot n'aurait rien pu faire devant la légende de Magnoac. Point de Guenièvre dans ce conte de fée ovalesque, l'épopée s'écrit à chaque combat et le trèfle celtique va devenir un siège périlleux ou seul Galahad trouvera ce fameux Graal. Rosé ou à point, nos clubs cultivent de mieux en mieux leurs destins, à croire que l'Iliade et l'Odyssée du rugby français se construit en cette année de coupe du Monde. Qui est Ulysse pour vaincre par la ruse ? Mola ou Galthié ? Pour ma part, ce dernier récolte les fruits inespérés d'une génération surdouée. Sans oublier Urios qui mature dans son coin. Cyclopes, sirènes, Calypso ou Circé, Ulysse retrouvera Pénélope quoi qu'il arrive ! Quand on vous demande la cuisson de l'agneau, toujours une hésitation entre le rosé où à point, un peu comme l'arbitre, mal voyant, hésitant, sourd aux contestations des tribunes, pire ne sachant point interpréter le grand écran et ses évidences. Terrible constat que de voir Sa Seigneurie Antoine venir le titiller poliment pour lui rappeler l'évidence de sa fonction. Cette maléfique insuffisance de TMO cache bien des mystères et des faiblesses récurrentes depuis quelques temps entretenues par des champs d'images manipulées pouvant changer le cours d'un match. Les règles doivent encore évoluer et il est temps que les entraîneurs les assimilent pour donner du positif au jeu et non son contraire. Ce week-end Pascal, résurrection gardée, a bien voulu sourire à bon nombre de clubs du top 14 confirmant la genèse de l'EDF qui est devenue un papillon laissant la chrysalide derrière elle.


31 mars 2023

" Ail de saison "




Personne ne connait la Confrérie Royale de la gerbe d'ail et du chabrot lomagnol et pour cause, la Lomagne est autant connue, en ce lieu, par son rugby que par ses produits. Vieille bastide du XIIe siècle où naquit Pierre de Fermat, éminent mathématicien, elle reste depuis un siècle la fierté rugbystique du terroir au même titre que ses produits locaux dont l'ail blanc est le plus connu depuis le XIIIe siècle. Déclinaison futile des anciens du Stade Beaumontois, les Pan Tintat ("pain aillé") furent 3 fois Champion de France UFAR. Le tournoi aura lieu à Pentecôte cette année pour honorer le dernier titre de Champion en cours où les joueurs viendront combiner agapes et ovale pour le plus grand bonheur du village. Similitude de la terre et du jeu, l'ail se plante à l'automne pour être récolté en juin. Aujourd'hui, les Bleus et Blancs n'ont plus la renommée des anciens dont le plus connu fût Max Barrau. Ils sont actuellement en Fédérale 2. Vous l'avez compris, l'ail et le rugby sont indissociables sur la terre de mon enfance. J'avais 5 ans et j'occupais la petite cahute au bord du terrain où siégeait mon Père, Médecin du club. J'ai donc pu m'énivrer largement des bienfaits humains et de la tendresse que transmet le rugby en terre Lomagnole. L'ascension de l'équipe, Championne de France Juniors en 1965, sous la coupe de Marceau Ambal, permit à tous les bénévoles et à toute la population de vivre dix ans de pur bonheur. Les samedis, jour de marché et le dimanche, étaient le point d'orgue d'une semaine de labeur et de sueur. 1970, 8e de finale du championnat de France 1ère division, au Stadium de Toulouse, Agen nous a battus non sans remous, et tricheries orchestrées par Albert Ferrasse et son mouchoir blanc. J'étais près de lui pour l'avoir vu faire et j'étais subjugué par la liesse populaire et la révolte des chouans lomagnols volés par l'aristocratie lot et garonnaise. Un match ultra dominé par Beaumont devant, avec 3 essais refusés qui coutèrent une clavicule à Pierre Barrau 3e ligne alors que Dehez se prêtait au jeu des drops et des pénalités instrumentalisées. Un merveilleux souvenir, transcendant devant 50 000 personnes ou plus dans un stade acquis à la cause beaumontoise. Cette ferveur pigmentaire, ubuesque et bonne enfant, je l'ai retrouvée en 1995 quand le XV de France a battu les All Blacks en test match à Toulouse. C'était, ce jour là, mon premier contrôle anti-dopage comme assesseur, fructueux car les Blacks étaient positifs. Ils ont bénéficié d'un vice de forme pour annuler la procédure. Mon confrère Black me remit à cette occasion une fougère argentée religieusement conservée dans mes bibelots. Depuis, l'ovale a fait sa chrysalide avec plus ou moins de bonheur et l'ail continue de pousser au fil des saisons. Ravi de donner une suite à mes écritures passées sur le rugby, cette première chronique en appellera d'autres auxquelles vous pourrez participer. Une façon différente de sentir et d'écrire le rugby sans prétention aucune ou la convivialité sera le métronome et le maître mot du jeu. N'hésitez pas, partagez le fruit de la passion, celle des tribunes et du terrain.