VI Nations à l'Ail
Le rugby aujourd'hui passe du coq à l'âne sans commune mesure et sans vergogne tel un barnum qui se déplace au grè des vents financiers et de l'audiovisuel. Fini l'antan ou chacun attendait religieusement ce moment décalé d'un rugby national pour se mesurer aux meilleures nations européennes. La saveur n'était pas dans les commentaires de notre légendaire Roger quoique mais par le fait de la lecture des journaux spécialisés qui nous relataient les préparatifs des uns et des autres nous laissant cette saveur perdue qu'on appelait le goût. Pas de réseaux sociaux, pas de télévision ou si peu, des matchs avec le bataillon de Joinville en fond de toile pour la mise en forme et pas une armada de joueurs et de remplaçants dont on fait faire actuellement des allers et venues comme dans l'import-export pour le bétail ! L'entraineur de l'époque n'avait pas non plus une kyrielle de savants spécialistes autour de lui et encore moins la technologie d'aujourd'hui. Nous étions dans l'humain, les qualités athlétiques, une grande diversité des clubs du championnat de France et pourtant "les pardessus" faisaient dans l'ombre le bonheur ou le malheur de chacun des sélectionnés. Le rugby s'est modélisé au fil du temps grâce aux ordinateurs, aux GPS et bientôt l'intelligence artificielle. Toutes ces périodes charnières sont de courtes durées effaçant de nos mémoires le beau et la tradition. Se rendre dans l'enceinte Dyonésienne n'a pas la même saveur que d'aller au Stadium. En cela, les coupes du monde m'ont beaucoup appris sur le côté culturel mais aussi touristique des tournois. Dans tous les cas de figures depuis 1999, ma première coupe du monde, se rendre au stade n'a plus le même sens selon les compétitions. Pour les coupes du monde, nous sommes devant un public de touristes alliant le double intérêt de voyager et de voir leurs équipes nationales sans pour autant être forcément de fins connaisseurs. Les coupes d'Europe sont l'occasion de faire la fête et de sortir de l'étreinte de la maison ou du club contrairement au top 14 pour le citer. L e tournoi est devenue une sortie entre copains ou en famille permettant d'oublier les contraintes du quotidien. Côté rugby, le plus attendu pour ma part ce sont les chants. Nous les connaissons tous et pourtant chaque année, le plaisir est là avec les poils qui se dressent. Mes préférences, "Flower of Scotland", "Land of my Fathers" et plus récemment "Fratelli d'Italia" sans oublier Rouget de Lisle. Je ne sais pas dire pour quoi, probablement l’enceinte ? Enfin et le plus intéressant sont les équipes. L’ogre français, en termes de licenciés, a le choix de 42 joueurs voir plus si on prend les listes cachées ! Quid des autres nations plus pauvres en licenciés qui doivent se réinventer à chaque saison ! Si on fait un parallèle avec la coupe d’Europe, le bilan est plus que positif pour la France ! Et pourtant, au compteur, depuis 2010, 2 tournois gagnés en 14 ans, résultat plus que famélique, anorexique ! Ce qui remet en cause les compétences de Galthié ces dernières années sans souligner la défaite en coupe du monde. Il est possible de faire une analogie avec un grand cycliste français, souvent sur le podium, rarement vainqueur, le Poulidor du rugby ! Et nous avons soi-disant le meilleur 9 du monde sur qui tout repose ou presque! A contrario, nous avons la palme d’or des 3e mi-temps avec des joueurs emblématiques et un entraineur adjoint, toulousain, rappelé à l’ordre. Tout cela devient plus que fumeux, critiquable voire inacceptable au titre de l’éthique, des valeurs et de l’image de ce sport. Reste qu’à domicile, on devrait assurer le score et pour les déplacements, rien n’est moins sûr de potentiellement gagner le tournoi. Nous sommes habitués aux contre-performances depuis des décennies. "Le hasard gagne des batailles mais le coeur ne se gagne que par des vertus". Jean Pierre Florian (XVIII.e)