26 septembre 2024

 "KAI - ZEN"


Si un jour, on m'avait dit que je parlerai d'alpinisme, moi le Pyrénéen, sur un blog de rugby j'aurais haussé les épaules. Et pourtant, pris par le film polémique d'Inoxtag, Youtuber du moment, j'avoue que je me suis laissé pieger comme un débutant par l'histoire de ce garçon, aux 8,5 millions d'abonés, qui surement grisé par la routine, avait besoin de se lancer un défi et pas n'importe lequel celui de faire l'Everest. Tous les moyens sont mis dans ce projet, tant cinématographique, que publicitaires et financiers. Rien n'échappe à la sagacité de ce jeune de 22 ans excepté l'expérience de la Montagne.  Le Dr Paccard, Médecin, Chamoniard, fut le premier a réussir l'ascension du Mont Blanc en 1786. S'en suivirent une légion depuis mais ma mémoire sélective retiendra René Demaison pour les Grandes Jorasses vaincues en hivernale par la face nord laissant son compagnon décédé dans la montée. Bien sûr, personne n'a oublié Herzog et Lachenal, ni Catherine Destivelle, Vallançant et Boivin. Ces deux derniers, je les ai connu aux Arcs, à l'école de ski, ou assis sur une réputation d'alpinistes confirmés, ils développaient les sports extremes (le ski extreme dépose en hélico sur des sommets, le parapente, le delta plane et le base jumper). Boivin fut le premier à descendre l'Everest depuis le sommet l'Everest en parapente. Il se tua en Amérique du Sud en basejump. Et je n'ai pas cité Kilian Jornet le Catalan aux nombres de records de sommets de plus de 4000 m franchis, mais aussi pour avoir gravi sans oxygène, seul, l'Everest, 2 fois à 8 jours d'intervalle. Lui est un cas d'espèces car c'est un trailer hors norme tellement il a de records en haute montagne avec des dénivellés à couper le souffle de beaucoup. Ce n'est pas un alpiniste en soi mais il fait parti de ce cercle très fermé de montagnards illustres. Il faut être bien conscient que ces sportifs ont consacré leurs vies à la performance, à l'entrainement et aux défis et qu'à la base ils sont guides de haute montagne comme Mathis Dumas qui a accompagné Inès Benazzouz de son vrai nom dans cette folle aventure. Avec de l'argent, on se paie tout ce que l'on veut, un service médical de pointe, le top des caméramens, un matériel de haute montagne dernier cri, les meilleurs sherpas dont le chef qui a gravi 18 fois l'Everest pour des raisons purement alimenetaires y laissant au passage des doigts gelés et amputés. Monter au Mont Blanc ou à l'Everest à la bonne saison est une promenade de santé nécessitant une bonne endurance à la marche et à l'effort. Jornet ne mache ses mots en parlant de tourisme d'altitude posant le problème du modèle d'ascension par rapport aux capacités qu'ont les gens. Il souligne que l'écologie et la pollution sont au rendez vous, que les cadavres restent congélés sur place, que la les glaciers sont des poubelles sur les camps de base mais aussi au fur et à mesure de la montée. Le trekkong d'approche n'existe plus remplacé par l'hélicoptère. Aussi "Kaizen" n'est autre que le reflet de ce consumérisme populaire qui vient chercher un CV pour pouvoir dire qu'il a réalisé un exploit. Non il a fraudé avec la nature, la montagne et ses valeurs. Ce film est un vrai documentaire interrogatif sur la montagne de demain. Je retiendrais quelques images, celles de penser à ses parents soit avec le smartphone en écoutant son père alors qu'il a la Covid compremettant la suite de l'expédition, soit le ruban sur son chapeau de paille ou sa mère lui laissa un message et sur le fait qu'on peut vivre sans téléphone ni réseaux sociaux ! Belle hypocrisie de sa part puisqu'au bas mot, le bénéfice net de cette opération est de 2 millions €. Je ne minimise en rien sa performance sportive dans le plus grand des conforts entourés de professionnels. Le "Kaizen' est donc une méthode de management de la qualité ni plus ni moins et de l'amélioration continue du soi. Pour conclure, "on a toujours les défauts de ses qualités, rarement les qualités de ses défauts." H.G.Welis. Et un clin d'oeil osé à V. Hugo "on voit les qualités de loin et les défauts de près."

04 septembre 2024

"Euskara !"





De la Rhune au gâteau basque, la poésie est dans le regard des paysages comme la saveur des gouts est dans l'assiette. Vous avez compris que de la terre à la mer, du sucré au salé, des marées à l'arène, le fil conducteur de ce week-end fût porté avant tout par l'Amitié en rouge et vert mais aussi en bleu et blanc. Pour mieux apprécier cet arc en ciel de lieux et de rencontres, il fallait une arène celle de Lachepaillet (lâche le chapeau en paille ou le paillet selon les anciens) ou sont passés Picasso, Hemingway, Montherlant, Mérimée et Napoléon III. Arène de première catégorie, 10 000 places, elle date de 1893. J’ai donc eu cette chance unique de revoir Roca Rey que j’avais déjà croisé en 2018 à Valencia. Le chemin parcouru par ce péruvien depuis son alternative dont le parrain ne fut que l’indicible Enrique Ponce a montré qu’il a les gènes de la tauromachie dans le sang. Deux faenas abouties, attendues, dans un silence religieux, avec des airs copiés à Ponce bien entendu. 4 oreilles sont venues effacer en partie la misère des deux premières corridas. Sorti à "hombros", j’ai profité de l’occasion pour aller voir tous les paparazzis locaux alléchés par la nouvelle gloire du dimanche soir. De fait, la politique, le monde du rugby et des affaires sont au rendez-vous pour des agapes studieuses. A Anglet, vers midi, je déambulais avec mon Ami sur un marché ou ça fleurait bon les produits locaux, les basques travailleurs avec un sens remarquable de l’hospitalité ! De la gouaille, du professionnalisme, des anecdotes sur les produits locaux et sur les familles qui font vivre ce lieu en toute simplicité. "Biltoki" a redynamisé les centres villes avec du bon, du local et du partage. Pari réussi pour l’agora basque. Un conseil, allez-y et laissez-vous porter par ce rayon de soleil de l’alimentaire traditionnel. La veille, nous étions sur un éperon rocheux, caché dans les méandres sur la côte de Bidart, ou règne le paradis des surfeurs et le cabanon du plaisir gustatif. Ici, rien des bancs en bois, la bise de la mer, la houle côtière ondoyante de surfeurs et le patron, installé là sur un coup de foudre, nous livre des produits de la mer d’une fraicheur remarquable : thon rouge, seiches, etc. Le rugby n’est pas en reste, non pas le fleuron actuel du pays qu’est l’AB mais celui plus local de Saint Jean de Luz, club de Nationale. Comme en Lomagne, j’ai retrouvé tous les marqueurs du territoire amateur. Encore un moment unique dans ce pèlerinage ! Se déplacer à moto permet de s’énivrer des beautés cotières avec en fond de teint la Rhune, sommet des sommets locaux. Tout ceci laisse donc rêveur au premier abord donnant l’envie de s’implanter dans ce territoire si singulier.  Ne croyez pas que vous êtes attendus la bouche ouverte car la priorité est donnée aux locaux. Seul le temps vous assimile ce qui fut jadis la Navarre pour de venir le Pays Basque. "J'aime cette idée qu'il suffit d'habiter au Pays basque pour devenir basque" n’est qu’une boutade car il faut savoir monter autre chose que soi-même. Un proverbe local vous prévient "Celui qui a passé le gué sait combien la rivière est profonde". Et comme tous disent "Audace, Résilience, Persévérance". Eskerrik Asko.