"Ô Toulouse"
1967, personne ne se doutait que cela deviendrait l'hymne du Stade Toulousain, encore moins Nougaro qui nous a quitté il y a 20 ans ! Presque 60 ans que je vais à Wallon avec autant de ferveur, d'admiration et de bonheur dans ce club à la culture si particulière, celle du jeu à la main, celle du jeu toulousain. Des entraineurs, de grands joueurs internationaux ou pas, des figures emblématiques, et une entité unique "Les Amis du Stade Toulousain" propriétaire de cette pépite. N'oublions pas qu'Ernest Wallon, Professeur à la faculté de Droit, Président du Stade Olympien des Etudiants de Toulouse (SOET) fut le fondateur des Ponts Jumeaux ni plus ni moins. Un génie, avant gardiste, visionnaire dont le Président actuel Didier Lacroix n'est autre que la continuité du passé avec une touche moderne. Lui même le disait ce soir, "il fallait souffler sur la braise encore tiède". A croire que ça marche. Pour en arriver là, il faut des bases celle de l'école de rugby mais aussi le recrutement loco régional voir plus loin. Les éducateurs sont les anciens du club, personne d'autres, un temple fermé, recroquevillé sur son ADN depuis des décénnies. Personne n'est oublié, une grande famille ou tout le monde respecte tout le monde, du concierge au chaufeur de bus en passant par les jardiniers. Oui le Stade Toulousain c'est celà. 24 ans que j'ai signé pour apporter un autre regard sur l'Urgence "joueur" mais aussi dans les tribunes. Avec le recul, je savoure avec ce regard aimant de voir que la foi soulève des montagnes. Rouge et Noir ou Noir et Rouge, qu'importe, Stendhal disait "L'amour est la seule passion qui se paie d'une monnaie qu'elle se fabrique elle-même." Alors encore un doublé historique avec une génération dorée articulée autour d'Antoine Dupont, le meilleur une fois de plus ce soir avec Willis. Il aurait pu naître à Wallon tellement il en a les gênes. Marqueur, passeur, rien ne lui résiste dans ce rugby moderne et ce soir il a vaincu cette défaite gravée dans son coeur, celle de la coupe du Monde. Son regard en dit long car il est toujours difficile de revenir sur la terre d'une croisade perdue. Ne pas parler de Mola serait faire injure à ce garçon qui a mis du temps pour trouver ses marques. Il vit un rêve éveillé celui d'être Champion sous toutes ces formes. Un 23e Brennus, une 2e coupe d'Europe et néanmoins il parle des Crabos qui demain joueront le titre pour être Champion de France. Quand Elstadt, Faumina et Arnold traversent le globe pour être stadiste, sans parler des anciens qui sont là en tribunes, c'est une signature, que dis je un tatouage gravé dans la peau. Tous ces clubs amateurs de la région sont fiers du Grand Frère, sont heureux d'envoyer leurs pépites vers le meilleur. Rien n'est plus gratifiant pour un éducateur de savoir qu'un petit bout du Brennus est le fruit de son travail. Il ne faut pas oublier non plus que pour exister voir briller il faut des adversaires. Hier soir, Bordeaux n'était clairement pas invité à la dégustation d'un grand cru. Bru comme Marti ont cruellement compris le message. Un autre devrait aussi comprendre celà, c'est Galthié, le Columérin, dont la porte d'accès au ST a toujours été fermée sécrétant chez lui une certaine animosité contenue et cachée. Aujourd'hui, Toulouse fait mieux que l'EDF dans tous les compartiments du jeu. La soi disante galactique ligne arrière de l'UBB ne mérite pas l'estampille "Coq de France" mais tout au plus coq de Gironde. Nous ne sommes plus habitués à une telle hégémonie comme du temps de Béziers qui a dominé le rugby français avec une génération de joueurs exceptionnels et un Raoul Barrière visionnaire avant tout le monde. C'est aussi cela l'identité de Toulouse, être avant gardiste. Alors, oui, Nougaro, l'enfant de Toulouse, des Minimes, peut dormir tranquille, le Stade l'a épousé avec son hymne de la ville Rose ou les mémés aiment la castagne.