11 novembre 2024

 Le 11 Novembre


Le challenge FOCH - RONARC'H (2013) est un match commémoratif de rugby organisé le 11 novembre en mémoire des anciens, entre le rugby club de l'armée de Terre (RCAT) et le rugby club de la Marine Nationale (RCMN). Il fut le terreau de l'équipe de France, Championne du Monde Militaire en 2023 à Vannes en battant les Fidji ! Dusautoir, parrain du challenge, dit "dans le rugby nous partageons beaucoup de valeurs avec l’armée : goût de l’effort, esprit d’équipe, esprit de corps, dépassement de soi". Ce qu'il faut savoir, c'est qu'à Twickenham, l'armée de Terre est opposée à celle de la Marine devant 60 000 personnes pour la même cause. Les All Blacks, à chaque visite en France, vont se recueillir sur les tombes de leurs aïeux pour que le souvenir ne soit pas qu'une date de l'histoire. Mais l'impensable est là aussi, le 24 octobre 1918, le Figaro annonce la tenue d'un match de rugby entre l'équipe nationale de l'Armée Française et la Nouvelle-Zélande au profit de la Maison des journalistes ! A peine pensable aujourd'hui quand on connait le nombre de morts. Il est une évidence que même à l'époque, il existait un décalage entre la réalité et la fiction. Si le 02 novembre est le jour des Défunts, le 11 Novembre est le symbole d'une paix chèrement payée pour une guerre stérile à tous points de vue.

Que retient le rugby de ces années noires ou les fantassins bleu cocarde allaient au front la fleur au fusil pour une guerre éclair ? A vrai dire, pas grand-chose quand on sait que pour le week end de Toussaint, deux joueurs de l'US Dax (Pro D2) ont été mis en garde à vue pour "agressions sexuelles" et "violences sous alcool". Dusautoir a bonne mine tout autant que le rugby français entré dans une période de puritanisme qui me fait penser au catharisme puisque nous sommes en Occitanie. Le prêchi prêcha du président Grill est d'un formalisme illogique et à contre-courant de la société actuelle. Comme si lui ne buvait pas à l'occasion ! Depuis longtemps, Bacchus est synonyme de plaisirs libertins et la médecine paie une lourde contribution avec les bizutages, les addictions et les viols. L'ovale n'échappe pas à la règle sociétale actuelle tout comme le football avec les frasques de certains joueurs et tous les non-dits dont on ne sait rien.

L'année 2024 est à marquer au fer rouge avec les dérapages verbaux, l'alcoolisme, les addictions et les violences sexuelles et familiales. Pire, in memoriam, 2 jeunes espoirs des EDF ont perdu la vie face à la bétise humaine ou pire l'incompétence professionnelle et le seul refuge à ces peines n'est que la justice. Le bouquet final pour ce jour de recueil, si je puis me permettre, c'est le carton rouge que j'adresse au public rochelais pour avoir ovationné Jégou pour fêter son retour sur le terrain et pour son essai. Du dégout à l'état brut, rien de plus. Le devoir de mémoire ne dure pas cinq minutes comme sur les réseaux sociaux mais des décennies voir des siècles maintenant et le rugby ne doit pas se soustraire à ces traditions !

18 octobre 2024

 Présidence, Aïe et Vérités




Le 19 Octobre, nous allons connaître le nouveau Président de la FFR. Pour n'offenser aucun des lecteurs, sensibles surement avec raison aux deux prétendants, Ail et Rugby va essayer de prendre de la hauteur non pas par rapport aux programmes de chacun mais par rapport à la situation actuelle. Le rugby amateur, puisqu'il s'agit de lui, serait-il le dindon de la farce dans cette course à l'échalotte ?  Chaque candidat, comme à l'accoutumé, promet monts et merveilles caressant les dirigeants dans le sens du poil ! Souvenez vous de Bernard Laporte, avec sa gouaille, son énergie, ses licteurs comment il a gagné un combat perdu depuis longtemps par Pierre Camou du fait de son immobilisme et surement de part sa maladie. Depuis plus d'un demi-siècle, les pardessus de l'ovale ne furent que des chimères pour les amateurs du dimanche, plus préoccupés par la vitrine du XV de France pour se faire réélire. Seulement, la donne a changé. L'informatique, les réseaux sociaux, le tissu socio économique, l'argent, le pouvoir local ont déstructuré de nombreux clubs agonisants ou en dépôt de bilan. Car la première des choses à savoir d'un club amateur, c'est qu'il ne vit principalement que des subventions des politiques locales, des entreprises, rarement de mécènes, mais surtout du bénévolat et de l'école de rugby. Le bénévolat est la force vive du club à tous les niveaux, le vivier intemporel depuis des dizaines d'années. J'ai connu cela du temps du grand Beaumont, il y a un peu plus de 50 ans. Une poignée de bénévoles, visionnaires, masculins pour l'essentiel, passionnés, donnaient sans compter pour que le club, le village ou le bourg puissent se maintenir a un niveau national.  Est venu, comme partout, le creux de la vague pendant de nombreuses années, avec la fuite des résultats, les descentes de divisions, le manque de trésorerie, l'égrénage insensible des volontaires. A celà s'est greffé la fonte des écoles de rugby induite par une féminisation de l'éducation nationale et par l'émmergeance de sports nouveaux, moins durs, plus funs attirant les chalans du moindre effort ! Beaucoup de clubs amateurs ont donc bien compris qu'il fallaient se regrouper devant cette faillite organisée par un changement des mentalités, par une modification outrageuse de la société, par la démocratisation sans limites et sans failles des réseaux sociaux. Tous ces jeunes qui ont encore la foi viscérale et intergénérationnelle du rugby méritent et suscitent un intérêt majeur dans l'apprentissage d'un rugby moderne encadrés par des anciens. Il existe aujourd'hui un engouement féminin qui s'étend pour mon plus grand bonheur. Mes deux filles font du rugby, les clubs regorgent d'inscriptions tant à XV qu'à VII. Ceci ne se dément pas même en Lomagne. Et puis il y a le phénomène Dupont. Même moi avec les U16 et NTK, il y a 10 ans, battu par lui et toute la pleïade connue des gersois en comité de sélection, je n'aurais jamais pensé ou vu un tel destin à ce garçon pur produit de l'école de rugby de Castelnau Magnoac. Comme quoi, il ne faut jamais douter de rien, se retrousser les mains et l'esprit pour se dire que de creuser un sillon, il fleurira une graine, celle des champs, celle que l'on aime et celle que l'on continuera à cultiver par passion. Rien ne meurt, tout se conserve par le bénévolat et l'école de rugby, mamelles du rugby. Daniel Herrero a cette formule imaginative : "j'ai longtems arpenté les chemins d'Ovalie, le territoire sans frontières des amateurs de rugby. C'est un monde où l'on se rencontre plus qu'on ne se croise".

26 septembre 2024

 "KAI - ZEN"


Si un jour, on m'avait dit que je parlerai d'alpinisme, moi le Pyrénéen, sur un blog de rugby j'aurais haussé les épaules. Et pourtant, pris par le film polémique d'Inoxtag, Youtuber du moment, j'avoue que je me suis laissé pieger comme un débutant par l'histoire de ce garçon, aux 8,5 millions d'abonés, qui surement grisé par la routine, avait besoin de se lancer un défi et pas n'importe lequel celui de faire l'Everest. Tous les moyens sont mis dans ce projet, tant cinématographique, que publicitaires et financiers. Rien n'échappe à la sagacité de ce jeune de 22 ans excepté l'expérience de la Montagne.  Le Dr Paccard, Médecin, Chamoniard, fut le premier a réussir l'ascension du Mont Blanc en 1786. S'en suivirent une légion depuis mais ma mémoire sélective retiendra René Demaison pour les Grandes Jorasses vaincues en hivernale par la face nord laissant son compagnon décédé dans la montée. Bien sûr, personne n'a oublié Herzog et Lachenal, ni Catherine Destivelle, Vallançant et Boivin. Ces deux derniers, je les ai connu aux Arcs, à l'école de ski, ou assis sur une réputation d'alpinistes confirmés, ils développaient les sports extremes (le ski extreme dépose en hélico sur des sommets, le parapente, le delta plane et le base jumper). Boivin fut le premier à descendre l'Everest depuis le sommet l'Everest en parapente. Il se tua en Amérique du Sud en basejump. Et je n'ai pas cité Kilian Jornet le Catalan aux nombres de records de sommets de plus de 4000 m franchis, mais aussi pour avoir gravi sans oxygène, seul, l'Everest, 2 fois à 8 jours d'intervalle. Lui est un cas d'espèces car c'est un trailer hors norme tellement il a de records en haute montagne avec des dénivellés à couper le souffle de beaucoup. Ce n'est pas un alpiniste en soi mais il fait parti de ce cercle très fermé de montagnards illustres. Il faut être bien conscient que ces sportifs ont consacré leurs vies à la performance, à l'entrainement et aux défis et qu'à la base ils sont guides de haute montagne comme Mathis Dumas qui a accompagné Inès Benazzouz de son vrai nom dans cette folle aventure. Avec de l'argent, on se paie tout ce que l'on veut, un service médical de pointe, le top des caméramens, un matériel de haute montagne dernier cri, les meilleurs sherpas dont le chef qui a gravi 18 fois l'Everest pour des raisons purement alimenetaires y laissant au passage des doigts gelés et amputés. Monter au Mont Blanc ou à l'Everest à la bonne saison est une promenade de santé nécessitant une bonne endurance à la marche et à l'effort. Jornet ne mache ses mots en parlant de tourisme d'altitude posant le problème du modèle d'ascension par rapport aux capacités qu'ont les gens. Il souligne que l'écologie et la pollution sont au rendez vous, que les cadavres restent congélés sur place, que la les glaciers sont des poubelles sur les camps de base mais aussi au fur et à mesure de la montée. Le trekkong d'approche n'existe plus remplacé par l'hélicoptère. Aussi "Kaizen" n'est autre que le reflet de ce consumérisme populaire qui vient chercher un CV pour pouvoir dire qu'il a réalisé un exploit. Non il a fraudé avec la nature, la montagne et ses valeurs. Ce film est un vrai documentaire interrogatif sur la montagne de demain. Je retiendrais quelques images, celles de penser à ses parents soit avec le smartphone en écoutant son père alors qu'il a la Covid compremettant la suite de l'expédition, soit le ruban sur son chapeau de paille ou sa mère lui laissa un message et sur le fait qu'on peut vivre sans téléphone ni réseaux sociaux ! Belle hypocrisie de sa part puisqu'au bas mot, le bénéfice net de cette opération est de 2 millions €. Je ne minimise en rien sa performance sportive dans le plus grand des conforts entourés de professionnels. Le "Kaizen' est donc une méthode de management de la qualité ni plus ni moins et de l'amélioration continue du soi. Pour conclure, "on a toujours les défauts de ses qualités, rarement les qualités de ses défauts." H.G.Welis. Et un clin d'oeil osé à V. Hugo "on voit les qualités de loin et les défauts de près."

04 septembre 2024

"Euskara !"





De la Rhune au gâteau basque, la poésie est dans le regard des paysages comme la saveur des gouts est dans l'assiette. Vous avez compris que de la terre à la mer, du sucré au salé, des marées à l'arène, le fil conducteur de ce week-end fût porté avant tout par l'Amitié en rouge et vert mais aussi en bleu et blanc. Pour mieux apprécier cet arc en ciel de lieux et de rencontres, il fallait une arène celle de Lachepaillet (lâche le chapeau en paille ou le paillet selon les anciens) ou sont passés Picasso, Hemingway, Montherlant, Mérimée et Napoléon III. Arène de première catégorie, 10 000 places, elle date de 1893. J’ai donc eu cette chance unique de revoir Roca Rey que j’avais déjà croisé en 2018 à Valencia. Le chemin parcouru par ce péruvien depuis son alternative dont le parrain ne fut que l’indicible Enrique Ponce a montré qu’il a les gènes de la tauromachie dans le sang. Deux faenas abouties, attendues, dans un silence religieux, avec des airs copiés à Ponce bien entendu. 4 oreilles sont venues effacer en partie la misère des deux premières corridas. Sorti à "hombros", j’ai profité de l’occasion pour aller voir tous les paparazzis locaux alléchés par la nouvelle gloire du dimanche soir. De fait, la politique, le monde du rugby et des affaires sont au rendez-vous pour des agapes studieuses. A Anglet, vers midi, je déambulais avec mon Ami sur un marché ou ça fleurait bon les produits locaux, les basques travailleurs avec un sens remarquable de l’hospitalité ! De la gouaille, du professionnalisme, des anecdotes sur les produits locaux et sur les familles qui font vivre ce lieu en toute simplicité. "Biltoki" a redynamisé les centres villes avec du bon, du local et du partage. Pari réussi pour l’agora basque. Un conseil, allez-y et laissez-vous porter par ce rayon de soleil de l’alimentaire traditionnel. La veille, nous étions sur un éperon rocheux, caché dans les méandres sur la côte de Bidart, ou règne le paradis des surfeurs et le cabanon du plaisir gustatif. Ici, rien des bancs en bois, la bise de la mer, la houle côtière ondoyante de surfeurs et le patron, installé là sur un coup de foudre, nous livre des produits de la mer d’une fraicheur remarquable : thon rouge, seiches, etc. Le rugby n’est pas en reste, non pas le fleuron actuel du pays qu’est l’AB mais celui plus local de Saint Jean de Luz, club de Nationale. Comme en Lomagne, j’ai retrouvé tous les marqueurs du territoire amateur. Encore un moment unique dans ce pèlerinage ! Se déplacer à moto permet de s’énivrer des beautés cotières avec en fond de teint la Rhune, sommet des sommets locaux. Tout ceci laisse donc rêveur au premier abord donnant l’envie de s’implanter dans ce territoire si singulier.  Ne croyez pas que vous êtes attendus la bouche ouverte car la priorité est donnée aux locaux. Seul le temps vous assimile ce qui fut jadis la Navarre pour de venir le Pays Basque. "J'aime cette idée qu'il suffit d'habiter au Pays basque pour devenir basque" n’est qu’une boutade car il faut savoir monter autre chose que soi-même. Un proverbe local vous prévient "Celui qui a passé le gué sait combien la rivière est profonde". Et comme tous disent "Audace, Résilience, Persévérance". Eskerrik Asko.

26 juillet 2024

 "De l'Olympe à Paris"



De la Terre au Soleil, seule la Lune est capable d'être au rendez vous à la croisée des chemins de ce que les Grecs ont voulu appeler concours sportifs pentétériques mettant en concurence les cités grecques entre elles. Pierre de Coubertin, très anglophile, a compris avant tout le monde le bénéfice de faire du sport et de la pédagogie en créant en 1894 le Comité International Olympique. Champion olympique de tir, arbitre de rugby, sa vie fut dédiée aux sports pour notre immense bonheur. Que de chemins parcourus depuis l'Antiquité pour arriver à la quintessence actuelle du sport qui n'a plus rien d'amateur ou en partie. Il suffit de voir le rugby, le football, le tennis, pour bien comprendre l'évolution. Finalement, "l'important c'est de participer". Plus friand pour ma part de la formule "il y a dans les moeurs, comme dans l’histoire, des conquêtes imprévues", il faut aller au bout de soi même pour idolatrer la performance mais aussi aller chercher le soi afin de vaincre tous les a prioris que sont les freins de la pensée reçue ou unique. Cet agnosticisme, Mère Térésa l'avait traduit par cette formule magique "moins nous possédons, plus nous pouvons donner". Qu'allons nous garder en mémoire de ces Jeux pharaoniques ? Son côté Lumière, son chantre d'Ulysse, de Roland ou du bonnet phrygien, son appétence à l'Or ou plus communément son admiration du sportif ? Si Paris m'était conté, de 1924 je ne sais rien sauf à lire Chat GPT ! Mais aujourd'hui, après une soirèe ordinaire à 7 avec quelques surprises, je crois que si nous gagnons les JO, mon bout de vie restant complètera la parabole entre le 7 d'Or et mes U16 (N'Tamack) perdant à Argeles Gazost en sélection contre le Comité Armagnac Bigore d'Antoine Dupont, Aldritt et Jelonch . Ce serait faire offense à la magnificence des Jeux dans son ensemble mais aussi de n'avoir que le prisme d'un sport au détriment des autres. "Paris brûle t-il ?" film culte de la Libération de la Capitale des Gaules par l'envahisseur reste un frisson musical et cinématographique alors que j'avais 7 ans, vécu par mon Grand Père alors Résistant, Commandant, rejoignant la 2e DB de Leclerc. Aujourd'hui, au delà de la fête populaire et de l'ouverture des Jeux, je penserais à Lui et à tout ce qu'il m'a raconté sur les joies, les pleurs, la liesse parisienne et la poursuite de la mission vers l'Est. Ce soir, j'attends de la féerie, du rêve et du bonheur suspendus à cinq anneaux ou la Lune sera le témoin d'une nuit olympique. Ne baffouons pas cet instant unique dans une vie car il sera le socle de l'avenir de notre jeunesse qui nous fera vivre de nouvelles exhubérances bien loin de notre imaginaire. Alors place aux Jeux : " Citius, Altius, Fortius, Communiter ".

29 juin 2024

 "Ô Toulouse"



1967, personne ne se doutait que cela deviendrait l'hymne du Stade Toulousain, encore moins Nougaro qui nous a quitté il y a 20 ans ! Presque 60 ans que je vais à Wallon avec autant de ferveur, d'admiration et de bonheur dans ce club à la culture si particulière, celle du jeu à la main, celle du jeu toulousain. Des entraineurs, de grands joueurs internationaux ou pas, des figures emblématiques, et une entité unique "Les Amis du Stade Toulousain" propriétaire de cette pépite. N'oublions pas qu'Ernest Wallon, Professeur à la faculté de Droit, Président du Stade Olympien des Etudiants de Toulouse (SOET) fut le fondateur des Ponts Jumeaux ni plus ni moins. Un génie, avant gardiste, visionnaire dont le Président actuel Didier Lacroix n'est autre que la continuité du passé avec une touche moderne. Lui même le disait ce soir, "il fallait souffler sur la braise encore tiède". A croire que ça marche. Pour en arriver là, il faut des bases celle de l'école de rugby mais aussi le recrutement loco régional voir plus loin. Les éducateurs sont les anciens du club, personne d'autres, un temple fermé, recroquevillé sur son ADN depuis des décénnies. Personne n'est oublié, une grande famille ou tout le monde respecte tout le monde, du concierge au chaufeur de bus en passant par les jardiniers. Oui le Stade Toulousain c'est celà.  24 ans que j'ai signé pour apporter un autre regard sur l'Urgence "joueur" mais aussi dans les tribunes. Avec le recul, je savoure avec ce regard aimant de voir que la foi soulève des montagnes. Rouge et Noir ou Noir et Rouge, qu'importe, Stendhal disait "L'amour est la seule passion qui se paie d'une monnaie qu'elle se fabrique elle-même." Alors encore un doublé historique avec une génération dorée articulée autour d'Antoine Dupont, le meilleur une fois de plus ce soir avec Willis. Il aurait pu naître à Wallon tellement il en a les gênes. Marqueur, passeur, rien ne lui résiste dans ce rugby moderne et ce soir il a vaincu cette défaite gravée dans son coeur, celle de la coupe du Monde. Son regard en dit long car il est toujours difficile de revenir sur la terre d'une croisade perdue. Ne pas parler de Mola serait faire injure à ce garçon qui a mis du temps pour trouver ses marques. Il vit un rêve éveillé celui d'être Champion sous toutes ces formes. Un 23e Brennus, une 2e coupe d'Europe et néanmoins il parle des Crabos qui demain joueront le titre pour être Champion de France. Quand Elstadt, Faumina et Arnold traversent le globe pour être stadiste, sans parler des anciens qui sont là en tribunes, c'est une signature, que dis je un tatouage gravé dans la peau. Tous ces clubs amateurs de la région sont fiers du Grand Frère, sont heureux d'envoyer leurs pépites vers le meilleur. Rien n'est plus gratifiant pour un éducateur de savoir qu'un petit bout du Brennus est le fruit de son travail. Il ne faut pas oublier non plus que pour exister voir briller il faut des adversaires. Hier soir, Bordeaux n'était clairement pas invité à la dégustation d'un grand cru. Bru comme Marti ont cruellement compris le message. Un autre devrait aussi comprendre celà, c'est Galthié, le Columérin, dont la porte d'accès au ST a toujours été fermée sécrétant chez lui une certaine animosité contenue et cachée. Aujourd'hui, Toulouse fait mieux que l'EDF dans tous les compartiments du jeu. La soi disante galactique ligne arrière de l'UBB ne mérite pas l'estampille "Coq de France" mais tout au plus coq de Gironde. Nous ne sommes plus habitués à une telle hégémonie comme du temps de Béziers qui a dominé le rugby français avec une génération de joueurs exceptionnels et un Raoul Barrière visionnaire avant tout le monde. C'est aussi cela l'identité de Toulouse, être avant gardiste. Alors, oui, Nougaro, l'enfant de Toulouse, des Minimes, peut dormir tranquille, le Stade l'a épousé avec son hymne de la ville Rose ou les mémés aiment la castagne.

01 juin 2024

"Vers un Final Aillé"




"Beati pauperes spiritu", Sermon sur la Montagne (Saint Mathieu) signe une parabole pour dire que bienheureux sont ceux qui réussissent sans intelligence. Le Stade Toulousain a su patienter avec intelligence et opiniatreté pour obtenir le graal et l'ascension ne fut pas de tout repos. Comment arrive t-on à triompher de finale en finale quand, à côté de ça, nous n'avons pas été au rendez vous de la coupe du Monde ? Cette genèse assez paradoxale s'est construite au fil du temps et n'est pas en soi le seul fruit du hasard. Si Voltaire a repris Lucrèce dans le dictionnaire philosophique soulignant que "Ex nihilo nihil, in nihilum posse reverti", le Stade a su patiemment construire sur son passé, sa culture et ses hommes qui ont fait de ce club celui le plus titré de France et d'Europe. A croire que deux hommes aux destins croisés ont su faire l'almagame d'une incertitude raisonnable ! Didier Lacroix, homme d'un seul club alors que son destin d'enfant le prédestinait lau football, finalement joueur de rugby, il a gravi toutes les étapes jusqu'à la Présidence tant convoitée. Inébranlable dans sa foi du "Rouge et Noir", il aurait pu rester "Julien Sorel" l'homme passé au séminaire. Nenni, quand vous regardez le ciel (Ader, l'Aéropostale, Saint Exupéry, Ariane, Airbus) votre obsession c'est de voir les étoiles et la grande ourse celle du guide. Elle est venue à lui comme un prophète au lendemain de victoires, Champion de France, Champion d'Europe, mais jamais international, la soif de réussir était en lui comme pour des brillantes études à l'ESC. Durant ses années joueur comme 3e ligne, il a crosé le chemin d'(H)Ugo Mola lui aussi Champion de France et Champion d'Europe (meilleur marqueur d'essais). International à XV, peu de gens savent qu'il fût aussi International à VII. La carrière terminée de joueur, il bascula immédiatement dans son rôle actuel d'entraineur, épousant Mazamet, Castres, Brive, Albi et enfin le ST. Presque 20 ans pour être en haut de la Pyramide du jeu, celle de la consécration. Et pourtant, à l'appel de Lacroix, il revient à Wallon alorsqu'il ne brillait pas. Les premiers temps furent durs fautes de résultats mais l'apport d'une jeunesse dorée lui a permis de prendre confiance et d'exprimer son talent. Tous les deux, complices, sont stadistes jusqu'au bout des ongles et partagent le même ADN. Ce sont  des gagnants, élevés à l'école toulousaine, entourés de toulousains tant sur le terrain que dans les bureaux. Ils ont eu comme mentors Novès et Bouscatel des purs sangs du rugby de la ville Rose. Connaissant Didier, aficionado comme je le suis, pour avoir partagé 5 ans avec lui les férias de Fenouillet, sous l'apparence d'un rieur se cache l'âme d'un garçon plein de sensibilité, d'intelligence, de clairvoyance et d'humanité. Alors oui, la réussite n'est pas le fruit que de l'intelligence mais aussi celui du travail ou sans cesse on remet le couvert histoire que la perfection soit au rendez vous de l'histoire. "Homo homini lupus" et donc pour contrevenir à ce dilemme "Nosce te ipsum" introspection à mieux se connaître soi même au final !

01 mai 2024

"Jeux Olympiques à VII"


Du haut d'Olympie, 12 siècles de JO nous contemplent ! Homère, dans l'Iliade, fût le premier à parler des Olympiades écrivant dans le XXIII chant de la guerre de Troie à propos d'Achille ceci "Fils d’Atrée, et vous autres, Achéens porteurs de bonnes jambières, voici déposés là les prix qui, dans la compétition, attendent les hommes d’attelages. Si nous, les Achéens, nous faisions aujourd’hui des jeux en l’honneur d’un autre, croyez-moi, je m’emparerais du premier prix et l’emporterais dans mon pavillon". Les mythes furent nombreux sur cette genèse des jeux et c'est par un décret en 393 après J-C. que l'abandon d"Olympie, lieu de culte de la religion grecque antique, fût signer l'arrêt des JO.

Evènement social, culturel et sportif, ils renaissent de leurs cendres avec Henri Didon, prêtre dominicain sous la fameuse maxime "Citius, Fortius, Altius" reprise par Pierre de Coubertin dans le désordre à laquelle on ajouta "Communiter" (Ensemble) en 2021 ! Reconnaissance au Président Lapasset d'avoir introduit le rugby à VII ouvrant ainsi de nouveaux horizons à un sport qui tourne en rond depuis bien longtemps ! Le circuit "Sevens" mondial a permis par ailleurs de faire connnaître dès 2004 cette nouvelle vitrine du rugby. J'étais présent à Chaban Delmas pour ce tournoi. J'ai de suite assimilé ce jeu à une course de lévriers, je ne sais pas pourquoi, mais celà ne m'évoquait rien d'autre. Seul côté positif à la chose, j'ai aimé le jeu pratiqué constament debout avec des tactiques plutôt simples confiées à des félins aguéris. Le Bowl fut gagné par la France en battant le Kenya et la Cup revint aux All Blacks. Cela me sortait de la torpeur du top 16, année qui vit le SF Champion. Le HSBC World Rugby Sevens 2023 à Toulouse auquel j'assistais m'a permis vingt ans plus tard quasiment comme Monte Cristo, de redécouvrir une nouvelle facette de cet opus. Tout d'abord, vécu de dedans, vous sentez en famille ou tout le monde se cotoie sans aucun formalisme et sans la rigueur de World Rugby comme pour la coupe du monde bien que parfois tatillon. Ce qui change c'est le physique des joueurs bien plus athlétiques que jadis mais dont la présence sur le terrain est bien plus courte car le jeu va beaucoup plus vite. D'ou, comme au handball, des rotations fréquentes selon l'évolution du score avec des tactiques bien plus élaborées ont fait leurs apparitions. Alors, rien de plus tentant pour Antoine Dupont après l'échec de la coupe du monde que de basculer vers le VII ou il étale son talent mais aussi son instinct. Il reste sobre, très affuté et très lucide sur ces Jeux. 2 échecs seraient une poisse totale pour lui et pour le rugby français. 

Ces JO à l'ail ou le mélange des genres raisonne comme une fausse note à savoir que les professionnels cotoient les amateurs pures souches continue de me choquer. Bien sûr, que veut dire aujourd'hui amateur ? Si on regarde la fédérale, tous les joueurs émargent avec plus ou moins de bonheur dans un silence de cathédrale. Car c'est encore mal vu de dire que tu gagnes un bon petit pécul sur le dos du rugby amateur ! Du temps de mon Père, la caisse noire alimentait grassement le système qui s'est transformé au fil du temps. De toute évidence l'évolution se fait dans ce sens à ceci près que les bénévoles, éducateurs de petits clubs n'ont que leur foi et que les médailles d'or ne sont que du chocolat celles qui font rêver préservant cet esprit qui s'effiloche d'année en année. En conclusion, "La partie la plus cérébrale du jeu, de beaucoup la plus importante, demeure invisible ; c’est donc que le muscle y sert d’écran à l’intelligence." Pierre de Coubertin.

23 mars 2024

" Ail et Arbitres"



Le siècle et demi de rugby n'a cessé de décrier l'arbitrage et son symbole l'arbitre. Si on se réfère à l'histoire, tout a commencé par un football rugby dont les règles étaient des plus simplistes, aller marquer chez l'adversaire sans l'homme en noir ! L'évolution des règles a cristallisé l'attention de tous, entraineurs, joueurs, médias et public pour devenir aujourd'hui l'homme providentiel dont on parle le plus à son insu bien souvent. La dernière coupe du Monde et le Tournoi ont montré les limites de l'humain et de la technologie. A cet égard, la France est privilégiée souffrant de décisions des plus hasardeuses qui ont compromis l'accédit à un titre mondial. Souvenez vous, l'Afrique du Sud, la Nouvelle Zélande et cerise sur le gâteau le quart de finale l'an dernier sur nos terres. Pire, cette fois ci, pour le Tournoi, nous avons bénéficié de toutes les augures écossaises et lyonnaises ce que Fabien Galthié savoure par une deuxième place autant imméritée qu'inattendue. Aujourd'hui, ce couple à l'harmonie ondulante construit ou détruit toute l'image qu'on peut se faire d'un match de rugby. A s'y pencher de plus près, le vidéo arbitrage est devenue la deuxième lame et plus maintenant intervenant parfois à contre sens de l'esprit du jeu surtout sur les en avants. Souvenez vous Cardiff ou nous battons les All Blacks sur une passe de Michalak des plus douteuses ! Çela nous a pas réussi par la suite non plus. TMO sait très bien repérer les agressions dangereuses, les risques potentiels de commotions cérébrales, les tricheries institutionnalisées et tous les actes d'antijeu échappant à la vision parfois monochrome de l'arbitre de champ. Cela fait toujours autant débat entre le jaune, le bunker et le rouge immédiat. Selon l'angle de l'image, le ralenti ou la vitesse réelle, la décision reste humaine, trompeuse et collégiale. L'arbitre est devenue diplomate, pédagogue avec plus ou moins de talent. Cette photo de Nigel Owens illustre très bien le propos pour lequel il écoute l'arbitre vidéo, réfléchit et le doigt levé tel "Magister dixit" il va donner sa version des faits. Je le trouvais truculent, juste et plein d'humour contrairement à certains autres. Mais l'évolution actuelle de l'arbitrage va t-elle dans le bon sens de ce qu'attendent entraineurs et joueurs ? Si jadis, l'arbitre portait le deuil tout de noir vêtu, le voilà habillé moderne comme un panneau publicitaire affublé d'une belle montre dont l'utilité reste discutable et de beaux cartons dans sa pochette. Comme les joueurs, il doit être en forme car le jeu va de plus en plus vite et doit se soumettre à des test de performances mais lesquels ! Ce qui est certain, il reste un homme indiscutable dans ses décisions et doit être respecté en tant que tel. Les entraineurs mais aussi la vindicte populaire ont la gâchette trop facile et la langue bien pendue pour eux aussi ne pas commettre d'erreurs. Je n'oublie pas les arbitres ou juges de touche qui parfois ont leurs mots à dire eux aussi avec plus ou moins de sagacité.  Peu confirme essai ou pas essai alors qu'ils sont devant ! j'avoue que parfois je me demande à quoi servent ils mis à part lever un drapeau et un bras ? Que sera l'avenir du métier avec la prégnance de l'intelligence artificielle sur la technologie, sur le fait que les règlements sont constamment étudiés et détournés par les entraineurs et que les joueurs ont pris l'habitude d'harceler l'arbitre ? Je termine par La Fontaine à propos du juge arbitre, l'hospitalier et le solitaire : "qui mieux que vous sait vos besoins ? Apprendre à se connaître est le premier des soins".

20 février 2024

"De l'Ail au XV de France"



L'histoire des peuples est jonché de jeux de mains et de pieds depuis les étrusques en passant par les égyptiens et les grecs. Quel qu'en soit le nom donné, tout commence sur de la terre. Si la Lomagne connu pour son ail depuis le Moyen Âge, depuis plus d'un siècle, elle a forgé sa réputation rugbystique avec des hommes de la terre en partie. Et le rugby français a largement profité de cette aubaine pour ne citer que l'un des plus emblématique agriculteur Walter Spanghero. Plus près de moi, Beaumont de Lomagne a cette tradition nourricière d'internationaux agriculteurs. Le premier fût Jacques Mauran, puis Michel Lasserre parti très tôt vers Agen, Tonton oblige ! Ce que Max Barrau paya très cher par une licence rouge pour avoir signé au Stade Toulousain au lieu d'Agen alors qu'il était au zénith de sa carrière. A ce propos, Antoine Dupont, fils spirituel du jeu à la Barrau, de souche paysanne, ne paiera t-il pas un jour son goût olympien pour le VII ? Parmi les autres légendes internationales A ou B beaumontoises, citons Bergamasco, Peccolo, Trainini, 1ère ligne de fer du Stade, Michel Guillas, Michel Barrau, Lionel Faure, Mathieu Barrau, Audrey Forlani, Capitaine du XV de France et actuellement Maxime Biasotto champion du Monde des U20 et petit-fils de la légende Max Barrau. Une aparté pour Jean Pierre Rives, Beaumontois de cœur qui a passé une saison entière en Lomagne s'offrant le luxe avec l'équipe de battre son futur club le Stade Toulousain. Le meilleur, c'est maintenant, ne serait ce que par amitié pour lui mais surtout pour l'histoire de vie partagée entre deux familles celle de Jean Louis Dupont et celle des Sauné. Jean Louis est né à la campagne et le médecin de famille de l'époque lui a donné le goût du rugby en lui montrant comment il fallait plaquer l'adversaire. Le reste, c'est l'école de rugby beaumontoise, c'est sa volonté farouche de réussir dans le sport et dans la vie. International junior, International militaire au bataillon de Joinville, International du XV de France, il a joué à Beaumont, au Racing Club de France et à Agen. Toute sa vie a été consacrée à la terre agricole et à son exploitation celle léguée par ses parents. Je pourrais en parler des heures de Jean Louis, de cette passion concubine de la terre et de l'ovale. J'ai aussi baigné la dedans toute mon enfance jusqu'à ce que mon Père prit la retraite. A Faudoas qui domine la plaine de la Gimone, son regard sur cette terre de rugby n'a de sens que parce qu'elle est toujours aillée. La sueur, la passion, l'amour n'a jamais eu de limites et de raison pour s'éteindre. Savoir qu'elle fût sa jeunesse, elle sera sa vieillesse en famille. Au fond, au loin, on aperçoit les perches de Gaston Vivas celui qui a donné au rugby de son village toute son existence et sa vie. La terre Beaumontoise reste un terreau de rugby, une terre d'Amitié, un joug pour le rugby. La France peut s'enorgueillir de si belles campagnes ou fleurissent tant de produits. Ces joueurs ont la main rugueuse, l'âme dure, le regard ferme mais un cœur plein de tendresse. J'éprouve toujours autant de joie de retrouver ces sourires, ces regards, ces voix agricoles et cet Amour débordant partagé avec un "Pan Tintat". Moi Lomagnol d'adoption et Pyrénéen de souche, j'ai écrit récemment à titre posthume "la terre est une mère qui ne meurt jamais".


28 janvier 2024

" Handball sans Aïe ! "

L'histoire est ainsi faite, le berceau des victoires et des hommes reste la capitale du pays d'OC Toulouse. Cela remonte aux Capitouls avec le tissage et le pastel. Depuis, la Garonne, jadis navigable, a su donner avec Nogaro son hymne mondialement connu "Toulouse". Est arrivé Claude, l'autre, Onesta, fils de rugbyman à XIII, l'homme qui a bâti le hand ball français. Champion de France en 1998 et 2 coupes de France, dès 2001 il devient sélectionneur de l'équipe nationale. Le karma pour ce sport alors inconnu du grand public. Il en est le gourou, le fédérateur et l'instigateur d'une sélection à succès européens et mondiaux. Les "Costauds, les "Experts", les "Barjots", les "Bronzés" ont tout gagné, les JO, Championnat du monde, Championnat d'Europe et il est l'entraineur le plus titré comme un certain Guy Novès. En 25 ans, de l'anonymat presque culturel, le hand-ball est devenu un sport très prisé par la jeunesse s'identifiant aux stars pour citer les plus connues Gille, Burdet, Narcisse, Fernandez, Abalo, Omeyer, Richardson, les frères Karabatic et j'en oublie faute de savoir. Cet homme n'a connu que ce sport depuis l'enfance et un seul club l'AESAT devenu le Stade Toulousain rebaptisé les Spacer's de Toulouse. Autant dire qu'il a gravi toutes les étapes au fil des années pour donner la quintessence à l'équipe fanion. Il a aussi su s'entourer de compétences insoupçonnables et fidèles. Pour l'avoir approché, c'est un remarquable stratège, passionné, plutôt taiseux mais qui ne parle pas pour rien, les joueurs le savaient. Le sillon était tracé et il a passé la main avec succès. Et ce soir, Champion d'Europe avec Guillaume Gille son élève. Cette finale me permet de mieux appréhender cette euphorie collective au travers de la vivacité du match. Rien de comparable avec le rugby actuel ou l'on répète inlassablement les mêmes combinaisons sans y mettre de l'envie ou du génie. Six joueurs voir sept sur le terrain, gardien compris avec des rotations permanentes aux différents postes, toujours un soutien au porteur du ballon dans le but est de ne pas se laisser distancer. Pas besoin de vidéo arbitrage, pas ou peu de contestations des joueurs y compris pour les 2 minutes au placard, peu ou pas de blessures, des morphotypes loin des golgoths actuels de l'ovale. Pire, les gardiens ne sont pas forcément très athlétiques mais d'une souplesse et d'une vivacité époustouflante. Si le rugby use, abuse de tous les stratagèmes pour casser le rythme ou la dominance du jeu, le handball nous offre des temps morts brefs afin de recentrer très vite les joueurs et de les mettre dans le sens des objectifs fixés. Je comprends mieux pourquoi Bernat Salles a bifurqué vers ce sport las de la confrérie des entraineurs et de leurs visions ras du sol du rugby. Effectivement, le handball est épuré des lourdeurs, des répétitions mécaniques  et d'un jeu de gladiateurs moderne ou le public se votre dans la bière et le ricanement imbécile. De franchir le pas devient alors évident car la simplicité règne à tous les niveaux. En conclusion, peu de statistiques, du direct, de la vitesse, l'absence d'ennui et des commentateurs sobres. Convaincu, un excellent moment et une belle victoire.

01 janvier 2024

" Aïe et Rugby 2024 "



Quand on connait l'état du rugby actuel à l'aube de cette nouvelle année, quel sera son karma ?Vu la défaite outrecuidante en quart de finale finissant d'assommer un rugby gangréné par l'inconscience collective de fatueux esprits, je me pose la question de savoir s'il reste un zeste de bon sens comme dans certaines nations pour sortir de cette ornière chronique qu'est la défaite. Bien entendu, en bons gaulois que nous sommes, nous perpétuons la tradition romaine celle du "Vae Victis" mais aussi celle construite par des journalistes du" French Flair" qui rend encore plus notre coq perfectible. Nous parlons toujours des victoires aussi anecdotiques que rares telles celles d'Auckland, du Cap ou en France en battant près de nous les équipes majeures du classement mondial. Vérité blessante de l'automne 2021, 2022, du tournoi et des matchs préparatoires de 2023. Quand on pense qu'on a un des meilleurs joueurs de la planète, devenu Dieu et Star, en la matière, Dupont blessé n'était plus qu'une pale copie de lui même comme d'autres gladiateurs du XV de France. Le "Credo" de la bêtise humaine, le cumul d'erreurs liées à la fonction, l'engouement d'un peuple déjà vainqueur et j'en oublie dans ma colère contenue. Bref, tout ça pour ça comme on dit ! Alors pour 2024 que pouvons nous espérer ? Des U20, trois fois Champions du Monde de façon consécutive, pardonnez du peu, est tout sauf le fruit du hasard. Des staffs renouvelés qui ont su perpétuer une méthode gagnante et efficace. Alors pourquoi les autres, Fabien en tête, ne sont ils pas capables de faire aussi bien. Questions de formations à la base, questions de filières, en particulier le top 14 qui se complet dans l'acquis et pas dans l'innovation pour la plupart des clubs. Fallait bien caser les copains, Fabien le premier, uniquement champion de France avec le Stade Français puis des piges dans des clubs en perte de vitesse le conduisant aux échecs et devant le tribunal ce qui aurait du éveiller l'attention plus qu'à l'ordinaire. Piqueronies, 1er champion du Monde des U20, a conquis le Président à Pau et aujourd'hui les résultats sont là tout en douceur et régularité en donnant sa confiance à des jeunes. Donc pour le karma faut-il croire au destin de l'homme ou à celui du XV de France ? A ce jour, grande énigme à la vue de nos internationaux flétris par une telle défaite. Seront ils au rendez-vous de Marseille, j'en doute car la vision actuelle est encore une fois de gagner le tournoi sans penser à 2027. Jean Louis Dupont me disait ce soir que la joie de jouer s'était effilochée depuis les années 80 laissant place à des salariés s'occupant de leurs crinières et du salaire qui va avec. C'est la raison pour laquelle autant d'étrangers pavoisent dans notre championnat à l'exception du Japon. Il est tant de se projeter pour l'Australie en oubliant les turpitudes chroniques d'une FFR et d'une LN comme les fameuses trompettes de la Renommée bien mal embouchées ! Pour terminer celle nouvelle chronique 2024, laissez moi vous présenter Mes Meilleurs Vœux pour 2024 ou les couleurs de la vie ne comptent que pour celles et ceux qui prennent au quotidien le temps de les regarder, de les écouter et de les apprécier à leurs justes valeurs. Belle année ovalesque.

24 décembre 2023

" Noël "

                        



Aussi loin que je me souvienne cette période remontant à l'enfance Lomagnole, c'était celle de la trêve des Confiseurs ou aucun match n'avait lieu pour Noël supplanté par des bourriches et des lotos sous la coupe des bénévoles du club. Gastronomiquement parlant, une période faste pour la ligne d'avants et lourde de conséquences pour les arrières ! Tout le monde se retrouvait accompagné(e)s des proches pour festoyer jusqu'à pas d'heures. L'église n'était pas oublié pas plus que la famille. Plus questions de parler de matchs mais plutôt d’évoquer les souvenirs présents et anciens. Pour cela, il fallait se rendre au "Café Maupas", lieu culte du village empestant le tabac, le pastis et la gouaille paysanne ou les mains calleuses battaient les cartes au son des anecdotes. Côté champs, la terre reposait en paix, les faisans, les bécasses jouaient à cache cache avec les futiles chasseurs. La Gimone, sous un brouillard matinal, transportait ses eaux boueuses de méandres en méandres. Au cabinet médical, la salle d’attente grouillait d’impatience tout en racontant en patois les petits potins de voisinage. Le marché du samedi était l’occasion de faire les dernières emplettes pour le Réveillon pendant qu’au Foirail, le concours de foies gras, chapons et pintades récompensait les meilleurs lots. Faut dire que mon Père était gâté recevant en offrandes de Noël les premiers prix du concours issus de sa patientèle. Vous dire que les repas n’étaient pas copieux et riches serait un pieu mensonge, notre « Bonne » Madame Maillol, un vrai cordon bleu, exécutait  des recettes savoureuses sur le vieux piano en fonte nourri au feu de bois. Ma Mère s’occupait de la décoration de la table faute de pouvoir œuvrer en cuisine, domaine réservé à qui de droit. Mon Père, caviste par passion, choisissait des bouteilles en ma compagnie, m’expliquant la provenance avant l’avis tranché de l’œnologue familial. Tout une effervescence avec ses rites et coutumes, un espace temps ayant laissé la place aux rêves, aux discussions interminables au son de la flambée de bois et des vapeurs croisées du tabac et des cigares. Vous comprendrez aisément le pourquoi du comment de mes goûts prononcés pour les produits de la terre et mon affection ancrée pour le rugby. Je regardais le Stade hier soir, bousculé par les marins de la Rade qui ont fini par couler le tout dans un écrin de paillettes et d'artifices alors même qu’à côté du Stadium sont les boutiques des Restos du Cœur et celles du Secours Catholique. Je suis ravi de vous conter ce moment de vie d'un petit enfant privilégié et heureux qui a vécu dans le berceau de Pierre de Fermat perdu dans la Lomagne agricole et rugbystique et, en l’écrivant, je me rends compte que le Bonheur n'est qu’une illusion fugitive et que le rugby est devenu un marqueur de la société de consommation avec ses illusions et ses nouveaux critères. Alors Joyeux Noël, à Toutes et à Tous, ovale, goûteux et familial.

18 novembre 2023

" Tu Quoque Mi Fili "



Exister est un fait, vivre est un art. La vie, c'est de passer de l'ignorance à la connaissance et des ténèbres à l'Amour. Le rugby est donc le fil conducteur de tout en chacun qu'il soit pratiqué ou non. "Toi aussi mon fils, tu feras comme ton Père" pourrait on se dire aujourd'hui comme dans d'autres corporations quand on voit éclore autant d'enfants prodiges que leurs ainés.

Le rugby ne s'invente pas sans avoir des bases, je dirais élémentaire comme à l'école primaire. Ânonner ou bégayer est devenu un standard qui s'étend jusqu'au terrain de rugby. Maintes fois, les joueurs reproduisent les mêmes erreurs, les mêmes fautes, déclinaisons de leurs entraineurs parfois. Certains font exceptions à la règle comme Barrau, Villepreux, Dupont, pour les avoir vus, nés avec le gène ovale, surdoués, visionnaires et avant-gardistes de ce jeu à la main tant de fois enterré pour d'obscures raisons. Alors, avec raison et méthode, la connaissance s'apprend jusqu'à un certain degré tout comme la littérature, la philosophie, le calcul. Pour s'en convaincre, revenez en arrière au temps des grecs, des latins, du siècle des lumières ou plus près de nous au XIXe. Le XXe et le XXIe ne sont autres que la continuité de ce passé. Alors, oui, le savoir devient une ouverture d'esprit tant sur le terrain que derrière un comptoir ! On peut s'enflammer de tout et de rien, d'un point perdu à une victoire inespérée. Le rugby a cette faconde de toucher les étoiles comme de tomber dans l'abysse du mal.

De passer par les ténèbres, d'en connaître les méandres et un jour de tutoyer le Bouclier de Brennus ou une Coupe donnent tout son sens à l'Amour que l'on porte à ce jeu et à la vie, une sorte de bonheur et de sérénité au fil de sa carrière. Il suffit d'une fois pour comprendre ce qu'est le graal de ce jeu qui se transforme en art à part entière. C'est une théorie aussi fumeuse que vraie nourrissant contradictions et vérités tant sur le terrain que dans les tribunes voir au sein des éditoriaux.

Reprendre la célèbre formule de Caesar a pour but d'insinuer que la passion peut être dévastatrice et qu'aujourd'hui le rugby ne meurt pas de son aura mais de tout un florilège de parasites et de cupides qui nuisent à l'éclosion de l'art qu'il porte.

29 octobre 2023

" Un Point "

Un Point



Si la vie ne tient qu'à un fil parfois, la victoire lui est similaire. Personne n'aurait prédit un tel score devant un rugby diamétralement opposé culturellement. Aujourd'hui, pour l'avoir écrit, la victoire se dessine sur les fautes, les buteurs et les cartons. L'enjeu a pris le dessus sur le jeu et se pérennise insensiblement en tache d'huile. 2 cartons jaunes dont un rouge excessif à mon sens, ont suffi pour faire basculer une finale si prometteuse dans l'ennui tactique. Si TMO ne mettait pas son grain de sel en permanence au détriment de l'arbitre de champ, nous aurions eu fort probablement un jeu plus ouvert favorable aux Blacks. Même les capitaines vont être obligés de ne plus s'étonner de rien dans les décisions à tel point que dans un avenir proche, un match sera dirigé par télé arbitrage et sono comme pour les hymnes tuant l'esprit du jeu. Bien sûr, nous n'avons pas des enfants de chœurs sur le terrain, toujours à la limite des règles voir plus parfois mais avec un arbitre de champ aguerri la dimension humaine pourrait être au rendez-vous. L'erreur est humaine et restera telle quelle sous peine que le rugby devienne un jeu vidéo. Parlons aussi de la dimension politique qui se cache derrière ces décisions pour les moins surprenantes ! World Rugby reste sous contrôle de l'empire britannique et de ses colonies et mieux vaut être asservi au système et bien payé que son contraire. Comme en 2011 pour la finale ou comme en 1995 avec Mendela, la victoire se prépare dans les salons à mots couverts. Pas de bruit, pas de vague !

Trois matchs, chaque fois un point discutable qui fait la différence pour gagner la coupe du Monde ! Enorme coïncidence dans l'alignement des astres et dans la chronologie de ce sport. Les latins avaient finalement tort "Bis repetita non placent" et pourtant Virgile disait "magnus ab integro saeclorum nascitur ordo" issu de la Quatrième Bucolique, repris pour les Jeux Floraux annonçant que l'âge d'or est devant nous. Lisez Hugo et A Pollion ! Ou allez voir une fresque de Raphaël dans la basilique de la Sainte Trinité à Florence pour s’imprégner de la Bucolique. Comment est-il possible d'en arriver là sans que la magie ne soit opérationnelle ?  Est-ce l'intelligence novatrice d'un entraineur et de son staff, sont-ce les joueurs habités par la soif de gagner ou est-ce l'adversaire apeuré devant tant de titres ? L'analyse de ces 3 matchs montrent que la triangulaire a été respecté, impacts, agressivité et recherche de fautes pour des pénalités pour buteurs certifiés. Le retour de Pollard est donc tout sauf une surprise. Néanmoins, pour les amoureux du jeu Bock, je souligne qu'ils ont des ailiers félins appuyés par des centres plus que robustes nous gratifiant d'essais magnifiques peu communs en première main. Le "Roi Lion" a triomphé avec ces vieux guerriers infatigables et ces jeunes pousses tout aussi expérimentées créant une homogénéité implacable. On parle de Dupont mais FDK n'a rien à lui envier tellement il fût prégnant sur son huit de devant et sur la conduite du jeu. Et pourtant hier, le meilleur fût Aaron Smith, sans parti pris, offrant des ballons d'essais, remettant les siens en jeu à quatorze, exultant sur l'essai refusé et pleurant au coup de sifflet final. Une véritable dramaturge pour ces All Blacks qui ont montré tout au long du match l'immensité de leur talent sans se résigner aux décisions arbitrales. Mourir aux portes du bonheur, tel est le destin du jeu !

Un autre point essentiel qui découle de cette coupe du Monde, c'est de changer notre culture trop franco-franchouillarde pour espérer un jour conquérir une étoile. A commencer par travailler des postes vacants ou le niveau international est requis, deuxième ligne, demi de mêlée et demi d'ouverture, centres ou la colonie étrangère musèle l'éclosion de talents. Pourquoi sommes nous trois fois champions du Monde des moins de 20 ans et que nous n'arrivons pas à capitaliser ces étoiles ? Une mise à plat serait nécessaire dans ce marigot pour connaître les priorités la LNR ou la FFR  ?

Dernier point et non des moindres, l'intégrité de World Fruit Juice ! De nouvelles compétitions vont éclore pour 2026 pour les grandes et les petites nations sans pour autant se mélanger. A quoi bon hormis l'aspect financier ? TMO, organe central qui choisira ses étoiles sans respecter la vérité du terrain ! Cela pourra t-il perdurer ad vitam aeternam ? Le tirage au sort pourrait-il avoir lieu quinze jours avant le début des compétitions ? Autant de questions ou les réponses appellent des commentaires.

Finalement, cette troisième coupe du Monde m'a permis de voir que rien ne change, que seul le public reste égal à lui même et que finalement le résultat n'est que secondaire laissant la place au seul point important de ce jeu, le rêve.

10 octobre 2023

" Victoria, Victoriae "



L'empire romain, à son apogée, sous l'égide de ses mentors que furent César, Tite Live ou Pline n'avait que ce mot à la bouche "Victoire" mais j'ai toujours préféré Laocoon disant "timeo Danaos et dona ferentes" ("l'Eneide" de Virgile) en mémoire du cheval de Troie et d'Homère ! Locution souvent employée en particulier par Monsieur de Tréville pour dire "Méfiez vous de l'ennemi qui vous fait des présents" à propos du diamant offert par la Reine à d'Artagnan. L'ennemi est ciblé, ce sera le ballon, le "dona" des Dieux de l'ovale qui choisira son vainqueur. Toutes les ruses seront bonnes, psychologiques, physiques, verbales ou digne de certains simulacres bien connus des footballeurs. Rien ne viendra enfreindre la loi du sport hormis l'arbitre et TMO avec des cartons téléguidés par des SMS circulant plus vite que leurs ombres ! Avant de poursuivre, un retour bien légitime sur ces poules maléfiques. Grâce est de rendre louanges et respect aux petites nations qui nous ont enchantés par leurs prouesses collectives et individuelles. Bien sûr le Portugal "Victoriae" mais aussi le Chili, l'Uruguay, la Namibie, pays ou la sueur prend tout son sens. A un degré moindre, les Samoas, les Tongas, la Géorgie et le Japon ont soufflé le chaud et le froid à mon sens bien loin de leurs niveaux espérés. Si le terrain nous a enjoué par cet amateurisme éclairé de bonne facture, la convivialité des tribunes fut un oracle culturel de plaisirs partagés. A l'heure ou frappe à nouveau la barbarie, il est doux de voir ces sourires, ces costumes traditionnels, ces hymnes a cappella, cet engouement spontané planétaire de partage. C'est si rare, si bref et si énivrant qu'il faut le souligner. Parenthèse fermée trop vite à mon gout tellement le plaisir fût intense, je bascule sur les quarts voire les écarts. D'un côté, au stade de France, le futur vainqueur de la coupe du Monde sortira de ces guerres fratricides ou chacun connait par cœur son voisin. D'où le "timeo" de ne pas voir notre coq refaire une "Michalak" au nez et à la barbe de l'ennemi car cette fois ci TMO aura l'œil avisé ! Volontairement j'occulte le retour ou pas de Dupont car la médecine est devenue un alambic de bienfaisances fourvoyant au delà de tout la rigueur scientifique au profit de la gloire, de la gagne tel un Spartacus devenu gladiateur et non joueur. Côté Massilia, comme en cuisine, le tamisium nous laisse de jolis restes sans la saveur attendue affichée au menu. Mais bon, quelques herbes de Provence, comme pour une bouillabaisse, et l'ivresse revient ! J'ai des doutes quant au fait que nous dégusterons un grand cru même si l'ensoleillement reste exceptionnel. La gouaille de Nana fera mon bonheur, elle, la plus vieille poissonnière en activité sur le Vieux Port ! "Ferentes", ils sont là mais dans quel ordre ? A Lutetia, du vert ou du noir pour se mélanger au bleu mais quel vert ? La Bonne Mère va t-elle voir rouge ? Je pense que oui à moins que le vélodrome retrouve sa couleur originelle bleu ciel !  Dans tous les cas, "Victoria, Victoriae".

09 septembre 2023

" Ô Final "



La victoire du XV de France hier soir permet de rêver ou pas sur le contenu des deux équipes jusqu'à la finale. Le malaise est là pour plusieurs raisons. Tout d'abord, Dujardin repoussant notre Coq national blasphémant ainsi symbole et valeurs du rugby, le tout couronné avec un idiot de piètre qualité méritant plus plumes et goudron que son accoutrement. Enchainement nébuleux avec notre impact Player de Président qui n'a rien d'une tunique bleu ni d'un coq d'ailleurs si on le compare à Bill Beaumont ! Plus sérieusement, le rugby est-il sorti gagnant de ce match d'ouverture ? Oui par certains côtés, des essais, du suspens, un public respectueux du Haka et des buteurs et la victoire française aux forceps. Deuxième défaite des All Blacks qui avait pourtant les armes pour gagner en jouant à la main, deux essais révélateurs d'un talent hors norme qui a mon sens a tranché avec tout le reste c'est Mark Téléa, un félin, crocheteur et finisseur. En fin de première mi-temps, au lieu d'être patient et de tuer le match ou du moins d'enfoncer le clou, les kiwis se sont fourvoyés dans la précipitation. Après un 2e essai peut être entaché d'un discret en avant, le jeu au pied fut fatal laissant la place à un système défensif perfectible et redonnant de la vigueur aux français qui n'attendaient pas autant. Leurs forces c'est le jeu à la main, l'attaque et l'arrivée de Joe Schmidt a peut être terni cette marque de fabrique. Il sera grand temps d'y remédier sous peine de continuer à perdre. Autres points inhabituels, c'est le nombre de fautes au sol et la défaillance du buteur, points clés de ce match. 12 points donnés à Ramos avec une pénalité manquée quand, de leur côté, ils perdent au moins 7 ou 10 points. Si on fait un différentiel, la victoire est moins évidente. Ces fautes trop nombreuses ont une explication, la technicité des français au sol. Même si nous avons ratés une trentaine de placages, nous avons dominé au sol avec une 3e ligne impériale et besogneuse sous la houlette d'Aldritt mais aussi de Dupont au four et au moulin. Atonio a fait mal en mêlée et notre 2e ligne s'est ressaisie à la 50e minute. Reste que certains cadres AB sont vieillissants et moins performants qu'à l'accoutumé, signe que Robertson, le nouveau sélectionneur va devoir compter sur la jeunesse pour redorer le blason. Côté français,  nous finissons très fort le match, œuvre de Mr Giroud probablement mais aussi des joueurs, opportunistes et libérés mentalement du risque de défaite. A ce jeu, Mauvaka flamboyant faisant oublier la blessure de Marchand, Flament, Aldritt, Dupont, Jalibert, Penaud et Ramos ont donné du sens à cette victoire avec Jaminet heureux d'un rebond favorable. Dans le jeu attaque défense, nous avons mangé du foin en particulier Fickou et Moefana sans parler de Villière décevant. Ils ont du travail de ce coté là et heureusement que les Blacks n'ont pas poursuivi leurs efforts à la main préférant gérer et maitriser au pied en attendant une opportunité. J'ai senti aussi que lorsque le haut niveau pointa son nez par moment en puissance et en vitesse, nous étions très perfectibles ce qui aurait pu nous couter la victoire. Reste l'arbitrage de Mr Peyper, peut être trop libéral sur certaines actions et très à cheval sur la règle en d'autres occasions. Incompréhensible les juges de ligne sous les poteaux montrant à quel point des lacunes sont encore de mise à ce niveau ! Aujourd'hui et demain du croustillant à se mettre sous la dent pour donner du gout et de l'élan à ce match d'ouverture. Plus que 55 jours pour connaître le vainqueur, le chemin va être long et usant. Les cartes vont être rebattues dix fois à mon sens, les surprise sont attendues et les quarts de finale vont avoir une saveur particulière. Bien sûr, la France demeure favori à condition de montrer un autre rugby dédié à l'attaque et de ne pas toujours compter sur les fautes de l'adversaire pour capitaliser. Au final, la chance sourit aux audacieux, serons de ceux là ?


25 août 2023

" Rome ou l'Olympe "


Cornélien débat de savoir si le Latium ou l'Agora sont les lieux sacrés des futurs Champions ? A vrai dire opposer deux civilisations revient à comparer deux hémisphères dont les fondamentaux sont issus du même fond baptismal. Deux voies ou deux chemins ont ils un intérêt commun sachant que quatre pays sont en mesure de gagner le trophée Webb Ellis ? Si on ne s'arrête qu'à l'aspect financier, World Fruit Juice n'y voit que des avantages doublant ainsi les paris et selon la loi de l'incertitude un outsider emballerait la trésorerie. Alors que la ronde des matchs amicaux se termine cette fin de semaine, Afrique du Sud All Blacks ce soir va surement donner le la pour le huit septembre. Point de prophétie, ni de supputation sur un match ovalesque ou le rebond choisira son vainqueur. A écouter Giroud, les Bocks avec en moyenne 125 minutes de jeu et les All Blacks 145 minutes ont une avance sur nous totalisant 85 minutes de temps moyen de jeu par joueur. La phase de plateau pour une performance maximale constante est d'un mois et demi grosso modo. Sommes nous dans ce créneau ? François Cros y répond en expliquant sa volonté d'avoir plus de temps de jeu ! Lors du dernier tournoi des VI Nations, les irlandais avaient pulvériser tout le monde en s'approchant des 50 minutes alors que nous trainions avec 38 à 42 minutes se traduisant au final par 4 essais à un. Noah, Deschamps, un joueur paraplégique sont venus renforcer la cohésion du groupe en plus du coach mental. Est ce suffisant aujourd'hui ? Tous ces matchs amicaux, laboratoire du jeu et des costumes a montré que les automatismes ne se forgent pas dans un camping mais durant de longues campagnes. Hors, nous en sommes encore, avec les blessures, a des essayages pour le bal costumé. La pédagogie et la science Galthieusiène, savamment théâtralisée, laisse de la place au rêve contrairement à Onesta qui nous avait habitué à moins de discours et à plus d'efficience sur le terrain. Pour en revenir à la dualité proposée, je ne sais pas, pour ne pas avoir encore visité la Grèce, si de nos jours il vaut mieux le Colisée ou l'Acropole, mais ce dont je suis sûr, c'est que dans les deux cas c'est une affaire d'hommes, de convictions, d'architecture et de culture. Ni Athéna et son égide, ni Flavien et les munéras, ne pourront savourer le bonheur d'un peuple qui attend le Messie Ovale bien plus que de raison. La Gaule n'a jamais gagné à Rome mais César, grand Général, aux 23 coups de couteaux finit par dire "Toi aussi, mon fils". Alors "Toi aussi, le XV".

21 juillet 2023

" Tronçons de Rugby "




L'été bat son plein et les semailles ont laissé place à des rouleaux de paille bordant les prés et les routes. Les perdreaux commencent à piéter et le renard est à l'affût d'un bon repas. Ces derniers temps, comme un chant du cygne pour lequel on nous avait prédit la canicule, les pluies diluviennes et les orages ont inondé nos terres dont la conséquence est l'abondance de fruits dans les jardins. Les pies, les merles enchanteurs, les moineaux et les hirondelles s'en donnent à cœur joie pour gaver leurs portées. Le jardinier est moins chanceux hélas contraint de prendre son mal en patience retrouvant ainsi la période étudiante ou je passais beaucoup de temps à flirter avec la télévision. Bien sûr, le tour de France occupait mes après-midis en particulier les étapes de montagne. Moments divins où les grimpeurs abattaient leurs cartes parfois au détriment des futurs vainqueurs du tour. Subjugué par cette félinité trop naturelle parfois pour être vraie, les étapes pyrénéennes furent mes moments favoris. Souvenirs de l'enfance où mon oncle me berçait avec les comptes du "Miroir des Sports" et de "l'Equipe" et mon Père avec Victor Fontan, noble maillot jaune un jour en 1929, déchu le lendemain à cause de sa fourche cassée. Les étapes faisaient 250 km et les cyclistes franchissaient 4, 5 ou 6 cols sur des chemins ou des routes chaotiques. Cette année, la magie opéra au col de la Loze avec seulement 23 km de montée ce qui paraît peu par rapport aux années 70 ou 80 où les cyclistes partaient pour 6 à 8 h de chevauchée, "O tempora, o mores" ! L'évolution des pratiques sportives, des technologies et de la science médicale font qu'aujourd'hui, le tour de France n'a plus le panache de jadis avec des étapes tronquées et des courses calculées et millimétrées sans trop de saveur finalement. Heureusement, le rugby n'a pas cédé au chant du cygne et arrive encore à m'enchanter. La Championship, une fois de plus, a délecté mes papilles par un jeu tourné vers l'offensive, sans commotion cérébrale, sans trop de recours au vidéo arbitrage exception faite de Monsieur Raynal et avec un terreau de jeunes talents. All Black Afrique du Sud fut un chef-d'œuvre de gourmandises où chaque nation a su garder son rugby identitaire, montrant aussi de nouvelles facettes dans la construction du jeu et dans le talent des joueurs. À ce stade de la compétition, comment ne pas penser que la France pourrait être championne du Monde si elle ne corrige pas très rapidement son fond de jeu ? Pour Tana Umaga, Dupont n'est pas le meilleur joueur de l'EDF tressant des louanges de Ramos au sommet de son art. Dire que je suis ce joueur depuis qu'il a été champion de France Crabos et qu'il a permis à Colomiers de se maintenir en pro D2 à une époque où personne ne croyait en lui, pas même le ST. J'occulterais volontairement les péripéties de la première ligne du Biarritz Olympique pour vous parler plutôt d'Urios, toujours aussi singulier dans ses méthodes de management. En effet il a été demandé aux joueurs de former deux groupes et de manager des troupeaux de brebis pour créer une cohésion et rechercher les possibles leaders du groupe. Autre paradoxe, Pau et Montpellier ont choisi une préparation au sein du club sans faire de stages en montagne ou en bord de mer. Pourquoi ? Lacroix, nouvelle rosette du rugby était en compagnie de Jelonch dans le callejon du Plumaçon pout mieux s'inspirer de la dureté que peu être le ruedo. Premier tronçon d'été ou se bousculent passé, présent et avenir, avec l'espoir d'écrire avec mes méninges. Paul Valéry disait "la tête, le coeur font mille bêtises, les mains se trompent rarement". Et pourtant, il suffit d'une fois.

21 juin 2023

" Fête du Rugby "


Le rugby connait la musique, que trop bien, qu'elle soit pop, classique, ringarde ou funky à vrai dire plus que protéiforme, seules les bandas, la Peña Baiona, la Honhada, la Marseillaise sont les plus connues. Reste que le 21 juin, fête populaire, est celle des amateurset anonymes qui œuvrent un peu partout non pas à la recherche de la gloire mais pour faire partager leur passion. Chaplin disait "l'action est musique". Qui dit "action" dit "réaction". Cette finale fût l'occasion de nombreux commentaires des plus amusants aux plus sordides. Côté sordide, R. O'Gara emporte la coupe avec des notes aigres, acides et mal venues effaçant le grand joueur qu'il fût. Mola, fin provocateur, ne fait pas mieux en parlant de "hold up". Retenons de cela que la passion fait dire bien des choses mais qu'elle ne peut se soustraire à féliciter le vainqueur. Il est toujours sain de voir midi devant sa porte avant d'aller mettre les pieds sous la table du voisin . La défaite n'est jamais le fait du prince. Un étudiant collé, perdre une finale de coupe du Monde en football, permet de comprendre que de réussir ou de gagner, n'est point le fait du hasard ou de la malchance. Derrière ces échecs qui peuvent vous marquer dans une carrière, se trouvent le secret de lacunes et de non dits enfouis en soi. Bien sûr que La Rochelle a dominé, trop dominé pour ne pas être vainqueur. Paul Valéry disait "la faiblesse de la force est de ne croire qu'à la force". Et certains techniciens avisés du rugby français ont su décortiquer les erreurs du staff rochelais. A commencer par le manager du Stade Toulousain qui a mis en place une stratégie payante arc-boutée sur la défense pour détruire toute prérogative de la puissance des avants rochelais. A ce compte, ils ont réussi ne comptant que sur les erreurs de l'adversaire. Pari gagné sur Danty et sur Seuteni bien malheureux dans son placement défensif. Comme une symphonie, on attendait des uts et des contre-uts, des essais de grande envergure signature du jeu à la toulousaine. Seul l'éclair de génie de Romain a frappé les consciences et a ravivé les émotions. On ne peut qu'apprécier cette lucidité, symbole de l'intelligence situationnelle, qui a crucifié "la Caravelle" qui allait franchir les trois tours médiévales, vestiges des fortifications maritimes et symbole du siège de La Rochelle. On aime ou pas le garçon mais pour l'avoir connu en U16 et U17, rien n'a changé dans ses qualités premières, la technicité et la vision du jeu tel un rapace surprenant sa proie. Connaître et réciter les gammes apprises ne font pas des joueurs le delta du succès. 90 jours nous séparent de la finale de la coupe du Monde et pour autant dans la sélection des 42 joueurs, aucun n'a l'exclusivité de faire parti du concerto final. Le chef d'orchestre n'est pas le même, ni la vision du jeu. Ce qui représente un avantage et un inconvénient. L'intérêt premier sera de masquer aux autres nations son système de jeu et de ne pas faire comme O'Gara de ne pas avoir de plans B ou C. Autre bénéfice, c'est de pouvoir palier aux éventuelles blessures. Reste que l'inconvénient pour les joueurs, c'est d'oublier les automatismes acquis en clubs. Le revers de la médaille sera aussi d'acquérir le haut niveau pour des temps de jeu pouvant avoisiner 45 à 50 minutes et donc d'avoir la lucidité des changements de joueurs au bon moment. Le match d'ouverture avec les All Blacks conditionnera la suite de l'aventure et sera le témoin de nos forces et de nos faiblesses. Quatre matchs préparatoires en août me parait beaucoup surtout si nous avons la canicule. Tous les championnats sont finis, la fête bat son plein dans les villages et les semailles sont déjà le témoin d'un été brulant. La fête ne serait pas la fête sans un nouveau Président, plus académique, plus discret, plus conciliant et probablement plus mélomane aujourd'hui qu'hier qui sera remettre naturellement le rugby au centre du village. Mais gare à ne pas être comme Alfred de Musset, je cite "je suis triste comme un lendemain de fête".